Discours prononcé par le Gouverneur Jean Baden Dubois à la cérémonie de la présentation du Fonds BRH pour la Recherche et le Développement (FDR-BRH)
Monsieur le Gouverneur Adjoint,
Madame, Monsieur les Membres du Conseil d’Administration de la BRH
Mesdames, Messieurs les Représentants de la BID
Mesdames, Messieurs les PDG, Directeurs Généraux et Représentants du secteur financier,
Mesdames, Messieurs les Directeurs et Cadres de la BRH,
Mesdames, Messieurs les membres du Conseil Consultatif et du Comité scientifique du FRD-BRH,
Mesdames, Messieurs les représentants d’universités,
Mesdames, Messieurs les représentants du secteur privé et de la société civile,
Mesdames, Messieurs,
La Banque de la République d’Haïti (BRH) éprouve un vif plaisir à vous accueillir aujourd’hui. Le personnel de l’institution se joint à moi et à mes collègues du Conseil d’Administration pour vous remercier d’avoir fait le déplacement. Nous voulons voir dans votre présence ici un signe de l’importance que revêt à vos yeux le lancement officiel du Fonds BRH pour la Recherche et le Développement, le FRD-BRH. Nous vous souhaitons à toutes et à tous une chaleureuse bienvenue.
Je m’empresse de saluer la présence parmi nous du Ministre de l’Économie et des Finances et celle du Ministre de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle.
Le premier, pour le gage d’une collaboration fructueuse, en matière de financement de la recherche, entre la Banque Centrale et le Ministère de l’Économie et des Finances, les deux institutions conjointement responsables d’un cadre macroéconomique porteur de croissance et créateur de richesse.
Le second, pour l’attente que nous fondons dans le rôle de creuset institutionnel qu’assume le ministère de l’Education Nationale qu’il dirige en matière de production ouverte du savoir. J’étends cette expression de bienvenue aux représentants des autres institutions étatiques dont les apports contribueront au développement du Fonds et qui attendent, à ce titre, les retombées positives des activités de recherche futures pour les politiques publiques dont elles ont la charge.
Je remercie les membres de la communauté académique et scientifique qui ont fait le déplacement. L’espace que nous accommodons aujourd’hui est le leur. L’affirmation d’un tel espace dépendra des intérêts qu’ils auront manifestés dès aujourd’hui et, davantage encore, dans un avenir proche pour faire du Fonds cette entité à succès dont nous attendons tous des résultats mesurables.
Je les enjoins à se l’approprier rapidement pour en faire un pont solide entre les préoccupations du savoir, les pratiques du savoir-faire et les politiques publiques éclairées qui devront les couver.
Je salue avec emphase les représentants des institutions de la coopération internationale dont certaines, comme la BID, se sont manifestées dès les premiers moments de mise en œuvre du Fonds BRH pour la Recherche et le Développement
Permettez-moi finalement d’exprimer la joie que nous avons d’accueillir les représentants du secteur privé, auxquels nous associons les autres membres de l’auditoire pour la mise en commun des énergies au profit du développement. Nous voudrions, à travers eux tous, inviter l’ensemble des acteurs sociaux à s’approprier d’emblée les activités du Fonds en tant que bien public.
L’honneur que vous nous faites de votre présence est réconfortant dans une société jusqu’ici centrée sur des préoccupations économiques de survie. J’apprécie pour son pesant d’or le message que charrie cette manifestation d’intérêt que nous interprétons comme suit: « Nous avons une société au ressort encore solide à l’image de cette jeunesse foisonnante de capacité créatrice. »
Comment canaliser cette énergie vers des voies de transformation porteuse de développement ? Voilà le type de questions auxquelles la réflexion et la recherche devront répondre pour justifier les fonds qui leur seront alloués dans un environnement où les ressources financières sont rares.
Mesdames, Messieurs, Avant d’entrer dans les considérations qui ont conduit à la création du Fonds BRH pour la Recherche et le Développement, permettez-moi de saluer l’intérêt manifesté pour ce projet tant par le Conseil d’Administration précèdent, que par l’actuel Conseil. Qu’il me soit permis de remercier également tous les cadres qui ont fait un travail de premier ordre, depuis la conception jusqu’au lancement du Fonds, dont les activités de recherche devront aussi servir à éclairer l’orientation de la politique monétaire de la BRH au profit d’une croissance plus robuste et durable.
La création du FRD-BRH fait suite à des réflexions très poussées, datant de plus de 2 ans, sur les handicaps à la croissance et au développement du pays. Ces réflexions avaient permis de renforcer l’hypothèse selon laquelle l’absence de données scientifiques dans la compréhension de certains problèmes ou de certains phénomènes, expliquait, pour la plupart, l’échec observé dans les prises de décision ou dans les solutions envisagées.
L’université a en général une double vocation de formation et de recherche. Cependant, on note une certaine faiblesse en matière de production scientifique en Haïti. Faiblesse qui n’est certainement pas imputable à une insuffisance de ressources humaines qualifiées, mais plutôt :
- à un manque d’efforts coordonnés au niveau des compétences existantes pour promouvoir la recherche ;
- à une culture de recherche peu développée dans les universités et dans le milieu professionnel ;
- à une absence de fonds disponibles pour financer des activités de recherche scientifique.
Ceci dit, il est louable de constater que certaines institutions ou établissements d’enseignement supérieur continuent de tenter, à travers des études, d’alimenter la recherche scientifique. Cependant, la plupart de ces travaux ne permettent pas d’aborder véritablement les problèmes cruciaux que connaît le pays, tant au niveau des politiques publiques qu’à celui du développement économique et social. D’où le besoin de créer les bases d’un espace institutionnel préposé à la production de travaux de recherche orientés vers la compréhension des phénomènes économiques et sociaux dans une société en quête de transformation profonde.
Mesdames, Messieurs,
L’importance de la recherche scientifique dans l’avancement de toute société n’est plus à démontrer. Par exemple, dans les années 1990, avec les avancées dans le domaine de la politique publique en Angleterre, on a compris que la formulation de solutions durables à des problèmes publics – ou la prévention de ces derniers – passe d’abord par des données ou des informations scientifiques. Ce qui avait stimulé la prolifération de laboratoires de recherche et développement et la création de bon nombre de ‘’Think Tank’’ dans beaucoup de pays d’Europe, de l’Asie et du Pacifique.
Aujourd’hui, la production de données ou d’informations scientifiques relatives aux problèmes socio-économiques que confronte Haïti doit permettre, non seulement de mieux aborder les programmes de renforcement de nos institutions, mais aussi de mieux formuler les mesures de politiques publiques capables de poursuivre véritablement l’atteinte des objectifs de développement durable. De plus, les universités doivent jouer un rôle plus proactif dans l’établissement d’un cadre conceptuel de réflexion autour de la problématique de mise en œuvre de ces politiques publiques, pour la prise de décisions stratégiques et l’instauration d’un processus de développement intégré et inclusif.
C’est fort de ces considérations que la Banque de la République d’Haïti (BRH), consciente de la contribution de la recherche dans la quête d’une croissance économique soutenue et inclusive, a mis sur pied le Fonds pour la Recherche et le Développement (FRD-BRH).
Ce Fonds mobilisera à la fois des ressources publiques et des ressources privées, en vue de financer toute initiative de recherche jugée d’un grand intérêt pour la société dans les domaines de l’économie, de la finance, de la gestion des politiques publiques, dans les disciplines connexes et dans d’autres sciences sociales.
Il s’agira pour la BRH, par cet acte, de revitaliser la culture de la recherche dans les espaces universitaires, de stimuler des recherches collectives, de promouvoir la production et la transmission de connaissances scientifiques, tout en créant une synergie entre ceux qui s’intéressent à la recherche et au développement. Il n’en demeure pas moins également que l’apport des professeurs, universitaires, étudiants et chercheurs en général pourra être ainsi mis en commun, au bénéfice d’une meilleure approche dans l’élaboration et la mise en œuvre de bonnes politiques publiques.
En résumé, ce Fonds BRH pour la Recherche et le Développement a un double objectif :
- D’abord encourager la recherche scientifique en Haïti à travers le financement de projets de recherche dans diverses disciplines ;
- Ensuite, mettre en place une structure devant susciter des initiatives de politiques publiques ou de projets d’investissement, notamment dans les secteurs prioritaires pour la BRH et ou l’Etat Haitien, sur la base de la production de données ou d’informations issues de la recherche scientifique.
Mesdames, Messieurs,
La question de la gouvernance du Fonds a fait l’objet d’un traitement minutieux qui couvre sa structure de gestion, la procédure de soumission des demandes de financement, les critères de sélection des dossiers de candidature, la capitalisation et le renflouement des ressources financières, la politique de coopération internationale et la stratégie de communication. Il y va de la pérennité même d’une instance dont la crédibilité est cruciale pour l’avenir immédiat de la recherche en Haïti.
L’acte constitutif du Fonds est scellé dans une résolution du Conseil d’Administration de la BRH. Sa mission principale est:
a) de promouvoir et d’appuyer la recherche appliquée dans diverses disciplines, principalement en économie, en finance, dans d’autres disciplines connexes et éventuellement d’autres sciences sociales ;
b) de développer la recherche scientifique dans le milieu universitaire.
Pour mener à bien sa mission et travailler à la réalisation de ses objectifs, le Fonds est doté d’une structure de gouvernance composée de quatre (4) entités:
- Le Conseil d’Administration de la BRH qui assure la fonction de Conseil d’Administration du Fonds.
- La Direction Exécutive qui est chargée de la gestion quotidienne du Fonds.
- Le Comité Scientifique qui assure la viabilité du processus complexe de validation des activités de recherche.
- Et le Conseil Consultatif qui est chargé de renforcer la gouvernance du Fonds de Recherche. Ce Conseil est composé d’un Représentant du Ministère de l’Economie et des Finances, d’un Représentant de l’Université, d’un Représentant du Forum Economique du Secteur privé et d’un Représentant des bailleurs ayant contribué au Fonds.
La procédure de soumission des demandes de financement bénéficiera des dernières avancées technologiques dans le domaine. Les critères retenus, pour analyser les dossiers de soumission sont les suivants:
- L’intérêt du projet de recherche, en termes d’objectif de caractère d’innovation;
- Sa pertinence, en termes d’impact potentiel sur la société en général et de capacité à susciter des initiatives de politique publique;
- Sa faisabilité, en terme d’analyse coût-bénéfice et de crédibilité du calendrier de la recherche, entre autres;
- La qualification et les compétences de l’équipe de recherche
L’approche du basket fund sera utilisée pour procéder à la capitalisation du Fonds de Recherche. Ce basket fund sera alimenté par:
? La BRH
? Le Ministère de l’Economie et des Finances
? Et le Secteur Privé
Le Fonds s’ouvre également à des financements externes provenant de bailleurs internationaux ou d’institutions nationales à partir de dons directs ou d’un partenariat public-privé. En ce qui concerne la politique de coopération du Fonds, il faut dire que ce dernier est ouvert à des partenariats avec toute institution régionale ou internationale manifestant un intérêt pour la promotion de la recherche scientifique en Haïti.
Le partenariat avec une institution internationale ou régionale pourra être effectué à trois (3) niveaux :
- L’institution
peut décider :
- d’octroyer un don destiné à la recherche dans un domaine bien spécifique, tout en restant dans le champ des domaines préconisés par le Fonds;
- d’octroyer un don qui peut être utilisé pour la recherche dans n’importe quel domaine couvert par le Fonds ;
- d’alimenter le Fonds par un support financier sur une base régulière préalablement définie à travers un accord avec la Banque de la République d’Haïti (BRH) ;
De plus, des partenariats peuvent être établis avec des instances internationales sur un horizon convenu entre les deux parties, et d’autres types de partenariat peuvent être établis sous forme d’appui technique ou d’apport en industrie au Fonds.
Mesdames, Messieurs
Avant de conclure, il est important pour moi de souligner, quitte à me répéter, que le Conseil d’Administration reste très accroché à la pérennisation, la viabilité et la crédibilité de cette initiative à travers des principes fondamentaux d’éthique, de bonne gouvernance et de transparence. Cette transparence sera manifestée sur plusieurs formes, dont notamment:
- L’accessibilité du grand public, à travers le site web du Fonds, aux informations relatives au fonctionnement du Fonds, à ses activités et aux appels à proposition;
- La publication des rapports de reddition de compte;
- Et l’audit annuel du Fonds par des auditeurs à la fois internes et externes.
La BRH, en tant qu’entité publique, se réjouit de pouvoir mettre ce Fonds, premier en son genre dans notre pays, à la disposition de la communauté scientifique haïtienne afin de promouvoir toutes activités de recherche adressant un problème crucial au bénéfice du développement durable et inclusif du pays.
Nous espérons que d’autres institutions publiques ou privées vont nous rejoindre, par le biais de mise en œuvre de structures similaires ou à travers des formes de partenariat avec nous, pour l’avancement de la chaîne de production scientifique en Haïti. Certains pays sont connus pour le talent de leurs ingénieurs et l’habileté de leur main d’œuvre. Notre pays est connu pour sa créativité artistique et sa production littéraire. Aujourd’hui, nous devons travailler d’arrache-pied pour que la nation haïtienne soit reconnue pour la portée de ses publications universitaires et la clairvoyance des décideurs publics et des entrepreneurs privés.
L’ampleur des défis à relever nous y oblige et la tâche est exaltante. L’aventure commence à peine, la route est longue et il n’y a pas de ligne d’arrivée dans le domaine de la recherche scientifique.
Que Dieu nous benisse tous ! Que Dieu benisse Haiti !