Discours de Mme Michèle Delerme, Membre du Conseil d’Administration de la BRH, lors de la deuxième journée de l’événement sur la digitalisation des paiements et l’équité de genre.
4 octobre 2025- Karibe Hotel
Monsieur le Gouverneur,
Messieurs les membres du Conseil d’Administration de la BRH,
Madame la Représentante de ONU-Femmes en Haïti,
Monsieur le Représentant de la Ministre à la Condition Féminine et aux droits de la Femme,
Distinguées invités, Mesdames et Messieurs,
C’est pour moi un réel plaisir que de m’adresser à vous ce matin pour vous souhaiter la bienvenue et procéder, au nom de la Banque de la République d’Haïti, à l’ouverture de la deuxième journée de ce Forum autour de la « Digitalisation des paiements et l’équité de genre », avec la participation active de plusieurs partenaires notamment le Ministère de l’Économie et des Finances, le Ministère à la Condition Féminine et aux droits de la Femme, la Banque mondiale, l’ONU-Femmes en Haïti, l’Alliance pour l’Inclusion Financière, des acteurs du secteur financier, pour ne citer que ceux-là. Un exemple de collaboration public-privé qui nous montre que la recherche de synergie ne peut plus être une option, mais une condition essentielle pour transformer nos contraintes en opportunités et de coconstruire un cadre permettant de favoriser une approche véritablement inclusive. Au nom de la BRH et en mon nom personnel, nous leur renouvelons l’expression de notre profonde gratitude.
La tenue de cette deuxième journée ne traduit pas un simple respect de l’agenda préétabli, mais s’inscrit surtout dans l’esprit de la journée d’hier qui était consacrée à la digitalisation des paiements avec un accent particulier sur le secteur informel et la place des fintechs dans la transformation numérique des services financiers. La base de données Global Findex de la Banque Mondiale, publiée en 2025, révèle que dans les pays à revenu faible et intermédiaire, 84 % des adultes possèdent désormais un téléphone mobile. Cette diffusion massive des technologies numériques constitue un facteur déterminant ayant permis de porter le taux d’inclusion financière à plus de 75 %, tout en contribuant à la réduction des inégalités entre les genres, en 2024. Un tel progrès représente une avancée notable dans la réalisation des Objectifs de Développement Durable, en particulier l’ODD 5 (égalité entre les sexes) et l’ODD 10 (réduction des inégalités).
Mesdames, Messieurs,
Je tiens aussi à souligner qu’il s’agit du premier événement de la nouvelle année fiscale qui met en exergue la problématique de l’inégalité de genre dans l’économie, alors que les femmes ont toujours été le pilier de toute démarche de transformation économique et sociale. En effet, à titre d’exemple, le rapport FinScope Haïti MPME(s), publié au début de l’année 2025, indique que 67 % des micro, petites et moyennes entreprises (MPME) sont dirigées par des femmes, dont 85 % relèvent du segment des microentreprises. La répartition sectorielle montre que 50 % d’entre elles évoluent dans le commerce, 30 % dans les services, 16 % dans l’agriculture et 4 % dans l’industrie. Ces données soulignent le rôle prépondérant des femmes entrepreneures dans l’économie haïtienne et mettent en lumière leur contribution à la diversification des secteurs d’activité. Toutefois, le manque de données désagrégées pertinentes au niveau national constitue une limite majeure, car elle restreint la possibilité d’analyser de manière rigoureuse la contribution de ce secteur dans les comptes nationaux.
Par ailleurs, le projet d’élargissement des moyens de paiement en faveur des activités économiques des femmes majoritairement informelles ne constitue pas une simple commodité transactionnelle. En cohérence avec les cadres internationaux de régulation financière qui visent à promouvoir un accès inclusif, sûr et équitable aux services financiers, il représente au contraire un levier essentiel qui doit accroître les opportunités effectives pour ce segment important d’agents économiques, leur permettant de choisir et de réaliser la vie qu’elles valorisent, tout en les protégeant des vols inopportuns et de certains risques financiers.
Le panel sur la vulnérabilité numérique des MPME (s) de la journée d’hier nous rappelle que la montée en puissance de la numérisation des services financiers, bien qu’offrant de nouvelles opportunités, accroît également les vulnérabilités liées aux fraudes, aux arnaques, aux atteintes à la confidentialité des données personnelles et au blanchiment des capitaux. La poursuite de la mise en œuvre de notre Plan National d’Éducation Financière (PNEF), en particulier sa composante d’éducation numérique ainsi que les initiatives de protection des consommateurs financiers de la BRH, constitueront un socle essentiel pour assurer la protection des données personnelles des femmes, renforcer durablement leur santé financière et protéger l’intégrité et la stabilité du système financier.
Mesdames, Messieurs,
La qualité et la pertinence des interventions, des présentations et des échanges au cours de la journée d’hier ont dépassé les attentes. Au nom du Conseil d’Administration de la BRH, et en mon nom propre, je tiens à remercier vivement tous les intervenants d’hier.
Je profite également pour accueillir chaleureusement les intervenants de cette journée qui ont été triés sur le volet et qui sont composés d’environ 60% de femmes, ce pour continuer à porter cette problématique de l’équité de genre au cœur des débats autour du thème ‘’Soutenir la collecte de données pour le développement de mécanismes financiers innovants’’.
Je vous remercie et je souhaite à toutes et à tous une bonne participation!
Michèle Delerme
