Banque de la République d'Haïti

cancel-search
Allocution de Madame Myrtho René à la première Edition des Rencontres Internationales de la Femme, RIF 2023, à Paris | BRH


Allocution de Madame Myrtho René à la première Edition des Rencontres Internationales de la Femme, RIF 2023, à Paris


RENCONTRES INTERNATIONALES DE LA FEMME (RIF 2023)
Allocution de Madame Myrtho René
Membre du Conseil d’Administration de la Banque de la République d’Haïti
Paris, 24 mars 2023

Mesdames, Messieurs les officiels,

Madame la Représentante

Mesdames, Messieurs les plus hautes autorités de la communauté universitaire et scientifique,

Mesdames, Messieurs les Responsables de l’Institut de Géographie Panthéon-Sorbonne Paris 1,

Mesdames, Messieurs les autorités locales, académiques, politiques et diplomatiques,

Chère collègue invitée d’honneur,

Mesdames les intervenantes,

Mesdames, Messieurs les membres de la communauté haïtienne évoluant en France, dans vos grades, titres et qualités,  

Chers étudiantes et étudiants,

Chers invités,

Mesdames, Messieurs représentants des médias,

Mesdames, Messieurs,

Permettez d’abord que je remercie les initiatrices, organisatrices et partenaires de la toute première Edition des Rencontres Internationales de la Femme, RIF 2023, pour l’opportunité qui m’est offerte de prendre une part active, à cet évènement grandiose qui réunit des femmes extraordinaires, issues d’horizons divers.

C’est également l’occasion pour moi de saluer de façon spéciale toutes celles, femmes entrepreneures, activistes et actrices du développement, promotrices de l’excellence professionnelle et académique au féminin pluriel, avec lesquelles j’aurai l’occasion d’échanger sur des sujets d’intérêt commun et des défis et opportunités relatifs à l’éducation et à l’inclusion financière des femmes, l’autonomisation et la promotion des droits des femmes dans le monde.

Je profite de cette occasion unique pour rendre un vibrant hommage à mes pairs du Conseil d’Administration de la Banque de la République d’Haiti, acquis à la cause de l’émancipation des femmes et qui, avec moi, sont à pied d’œuvre afin de permettre à la femme haïtienne d’occuper une place de choix dans l’écosystème haïtien, dans une conjoncture particulièrement difficile.

Mesdames et Messieurs,

Je suis particulièrement honorée d’avoir été choisie, en tant qu’invitée d’honneur, à partager, dans l’enceinte de ce prestigieux espace de savoir, l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, à partager, disais-je, ma vision du rôle de la « Femme au cœur du Développement Mondial », thème retenu cette année.

Représentante de la Banque Centrale de mon pays, et unique femme au sein du Conseil d’Administration de cette grande institution, je viens également porter la voix des milliers de filles et de femmes haïtiennes, desquelles l’apport constitue une part importante dans l’organisation des familles et dans la sauvegarde des valeurs et des traditions.  Leur sens inné de gestion, de leadership et d’équité, les habiliteraient à contribuer, à plus haute échelle, au développement économique durable du pays, si elles étaient mieux comprises et accompagnées, ce, en dépit des nombreuses contraintes qui, malheureusement, jalonnent le quotidien Haïtien depuis déjà fort longtemps.

Je ne peux m’empêcher de saluer la contribution inestimable et les sacrifices inimaginables consenties par les femmes haïtiennes, guerrières sur tous les fronts, résilientes faces aux vicissitudes de toutes sortes, arborant courageusement un sourire, lorsqu’elles devraient pleurer.

Autant dans le secteur formel et informel, jours et nuit, à la maison comme dans les rues, dans le transport en commun et dans les plantations, elles sont inlassables, infatigables !!  Ces femmes
« POTO MITAN », qui participent dans la production agricole et le commerce ambulant, comme dans des points fixes, ces « Madan Sara », ces femmes infirmières, professeures, elles portent toutes la vie, l’espoir, l’amour et l’affection à leurs enfants et leurs conjoints, quand ces derniers choisissent d’assumer leurs responsabilités.   

Forte de ce constat, la Banque de la République d’Haiti, a pris l’engagement d’encourager l’entreprenariat féminin, devant conduire à l’autonomisation, en lançant, en février 2022, le Fonds de Garantie pour les Femmes Entrepreneures, à hauteur de 10 millions de dollars, pour une durée de
10 ans.  Dans son allocution d’occasion, le Gouverneur, M. Jean Baden Dubois, avait précisé que
« ce Fonds a pour objectif de promouvoir l’inclusion financière des femmes qui jouent un rôle prépondérant dans la vie active, en opérant dans les secteurs productifs. Les femmes constituent l’épine dorsale de l’économie haïtienne et le pilier des ménages. Aider une femme entrepreneure, c’est participer à la création de l’emploi, contribuer à la stabilité financière de sa famille, participer à la scolarisation de ses enfants, réduire l’insécurité alimentaire dans le pays. » (fin de citation).  Nous devons toutes et tous, plaidé pour la réduction, voire l’élimination de la féminisation de la pauvreté.

Mis à part le Programme national d’Inclusion financière et le Plan national d’Éducation financière, qui représentent deux piliers importants dans l’agenda de la Banque Centrale, souffrez que je vous cite d’autres initiatives de BRH :

  • Les trois éditions du Forum économique des femmes haïtiennes, depuis 2020 ;
  •  Causeries autour des femmes en milieu professionnel, ont été réalisées entre 2020 et 2021 ;
  • Forum des femmes rurales, mai 2021 ;
  • Lancement du Fonds de garantie pour les Femmes, février 2022

Parallèlement, la BRH continue d’appuyer d’autres initiatives portées par des organisations de femmes, comme le Sommet International des Femmes du Numérique, projet porté par une femme extraordinaire, Madame Daniella Jacques.

Mesdames, Messieurs,

Les interventions et les réalisations de la Banque Centrale haïtienne, vont en droite ligne avec l’agenda de l’ONU autour des actions à mener en faveur des femmes et le développement durable à l’horizon de 2030.

En effet, il y a près de huit ans, en 2015, à Paris (cette même ville qui accueille aujourd’hui les Rencontres internationales de la Femme) tous les leaders mondiaux s’étaient mis d’accord sur les 17 objectifs de Développement Durable (ODD), en incluant la thématique de l’égalité des sexes dans la liste des priorités de cet agenda onusien.

Le monde est en pleine mutation. Force est de constater que, si nous voulons évoluer à l’ère du temps, nous devrons nous soumettre aux contingences de l’heure.  Je vais donc inscrire, de manière succincte, l’essence de mon propos en vous entretenant du : rôle de la Femme dans une nouvelle dynamique économique mondiale.

1) Femmes et Technologie

2) Femme autour des droits juridiques et de l’économie mondiale

3) L’émancipation économique des femmes

4) Des progrès et des défis

Rôle de la Femme dans une nouvelle dynamique économique mondiale

  • Il n’est pas sans savoir que l’économie mondiale se retrouve actuellement à un carrefour de croissance au ralentit et de transformation vers le numérique, où le rôle des femmes doit être le plus prisé dans les grandes réflexions mondiales, notamment celles liées aux récents développements technologiques.
  • Sachant que seuls 14% des postes dans le secteur des nouvelles technologies de l’information et de la communication sont occupés par des femmes, la participation des femmes dans le secteur des technologies doit se traduire par des solutions plus créatives, tout en offrant un plus grand potentiel d’innovations, qui répondent aux besoins des femmes et promeuvent l’égalité des sexes, et vous conviendrez aisément que le manque d’inclusion des Femmes a d’énormes répercussions financières au niveau mondial.
  • En effet, selon le rapport Gros plan sur l’égalité des sexes 2022 d’ONU-Femmes, l’exclusion des femmes du monde numérique a réduit de 1,000?milliards de dollars le produit intérieur brut des pays à revenus faibles et intermédiaires, au cours de la dernière décennie ; une perte qui atteindra 1,500 milliards de dollars d’ici 2025, si rien n’est fait.
  • Maintenant, pour inverser cette tendance, il faudra s’attaquer, entre autres, au problème de la violence en ligne contre les Femmes. À noter qu’une étude portant sur 51 pays a révélé que 38% des femmes avaient personnellement été victimes de ce type de violence.

En ce qui a trait à la situation de la femme face à ses droits juridiques et à l’économie mondiale, nous avons fait le constat que :

  • Le rythme des réformes en faveur de l’égalité de traitement des femmes devant la loi a atteint son niveau le plus bas depuis 20 ans, ce qui risque d’entraver la croissance économique, à un moment critique pour l’économie mondiale. A noter qu’en 2022, les femmes ne jouissent, en moyenne, que, d’à peine 77 % des droits juridiques reconnus aux hommes.
  • Le fait qu’une grande partie du monde n’accorde pas aux femmes les mêmes droits qu’aux hommes, constitue non seulement une injustice criante à l’égard de celles-ci, mais empêche aussi ces pays de promouvoir un développement vert, résilient et inclusif. A noter qu’aujourd’hui, seuls 14 pays sur 190 — tous des économies à revenu élevé — ont atteint une parité juridique totale.
  • En fait, près de 2,4 milliards de femmes, en âge de travailler, dans le monde, ne bénéficient toujours pas des mêmes droits que les hommes. Or, en comblant l’écart entre les sexes en matière d’emploi, le PIB, par habitant, pourrait augmenter de près de 20 % en moyenne, à long terme.
  • En outre, des études estiment, entre 5,000 et 6,000 milliards de dollars, les gains économiques mondiaux qui pourraient être obtenus, si les femmes créaient et développaient de nouvelles entreprises, au même rythme que les hommes. À noter qu’aujourd’hui, sur chaque 20 entreprises dans le monde, seulement 4 sont possédées par les femmes, soit 25%.

Nous devons donc nous atteler à la tâche afin que l’émancipation économique des femmes devienne une réalité

  • Comme les femmes représentent 50% de la population, leur empouvoirement dans le domaine économique ne peut être que bénéfique.
  • Les Nations Unies définissent l’empouvoirement économique des femmes comme : « la capacité d’une participation égale des femmes aux marchés économiques; leur accès et contrôle aux ressources de production, l’accès à un travail décent, le contrôle de leur temps, de leur vie et de leur corps ; faire porter leur voix aux plus hautes sphères et avoir une plus grande capacité d’action et de participation significative à la prise de décisions économiques, à tous les niveaux, du foyer, aux institutions internationales ».
  • Il faut reconnaitre toutefois que l’influence et la représentation des femmes dans l’économie mondiale ont gagné en importance ces dernières années. En effet, il y a moins de 5 ans, seulement 0,5% des postes de haut niveau étaient occupés par des femmes, contre 17% aujourd’hui.
  • Toutefois, il reste de nombreux défis à relever, pour que la femme soit véritablement au cœur du changement mondial. Par exemple, de manière générale, les femmes entrepreneures n’ont pas accès au même financement que les hommes, l’écart salariale persiste et les femmes sont toujours sous-représentées dans les postes de direction.
  • De plus, la pandémie de Covid-19 a créé de nouvelles difficultés pour les femmes, comme le fardeau des charges domestiques, lorsqu’elles travaillent à domicile. Il est de plus en plus difficile pour les femmes de concilier leurs engagements professionnels et personnels, ce qui les conduit, parfois, à quitter leur emploi. Les secteurs des services ou des entreprises manufacturières, qui emploient largement des femmes, ont été gravement touchés par la pandémie, ce qui a entrainé des licenciements et conduit à une augmentation de la pauvreté.
  • Offrir donc davantage de possibilités et de mentorats aux femmes pourra contribuer à une meilleure inclusion et normaliserait le rôle des femmes dans les postes de direction.
  • Il serait donc important de faire la restitution des travaux de cette activité, tout en continuant à travailler pour un avenir plus inclusif et diversifié.
  • Le thème retenu pour cet événement doit nous convier tous et toutes à mettre au défi les stéréotypes de genre, et à préparer le terrain pour que les femmes et les filles du monde puissent saisir toutes les opportunités, dans la construction de leur avenir.

Pour Haïti, le message de la Banque de la République d’Haiti est sans équivoque.  « Elle continuera de s’engager à soutenir l’inclusion et l’autonomisation des femmes haïtiennes et accroître leur accès aux services financiers et technologiques, de manière à mieux les intégrer dans le processus de croissance économique. »

Au terme de ces 2 jours de rencontres, tenues dans la Ville Lumière, je formule le vœu que l’ensemble de nos pays d’origine, nos communautés respectives, et les femmes des pays du Sud, en particulier les filles et les femmes d’Haïti, trouveront suffisamment d’énergie, de motivation et d’espoir afin de poursuivre la lutte acharnée pour le respect de leurs droits légaux, constitutionnels.  Ce faisant, nous pourrons, pour parodier Heide Goettner-Abendroch, Philosophe et Chercheuse allemande : « nous pourrons, disais-je, toutes et tous, vivre en paix, dans un monde égalitaire où les deux sexes sont valorisés, où les décisions politiques sont prises par consensus, où les biens essentiels sont distribués équitablement,  où toutes et tous, nous sommes respectueux de la nature  en utilisant ses ressources, avec mesure; où les agressions sexuelles et viols contre les deux sexes, ou toute autre forme de violences, sont bannis! où la notion d’équilibre est au cœur de la société, entre les hommes et les femmes, entre les jeunes et les vieux, entre les humains et la nature. »

Je terminerai mon propos en souhaitant longue vie et succès aux « Rencontres Internationales de la Femme » et aux initiatrices de cette belle initiative, ces grandes dames, représentant l’avenir, le socle sur lequel repose toute une nouvelle dynamique dans le combat pour l’équité devant mener à l’égalité de sexes.

Que vivent l’excellence professionnelle et l’engagement des femmes, mondialement, pour le développement économique, institutionnel, social, culturel, scientifique ce, de manière pérenne.

Je vous remercie.

Myrtho René

myrtho.rene@brh.ht



11 Mai 2025


130.5908



Taux de Référence
Gourdes pour 1 dollar EU

Actualités