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Remarques par M. Jean Baden Dubois, Gouverneur de la BRH, à l’occasion du 1er Sommet International des Femmes du Numérique en Haiti – Chambre de Commerce des Femmes Entrepreneures d’Haïti – “TIC, Nouvelles Opportunités pour l’Autonomisation des Femmes et une Croissance Inclusive”



Madame Daniella Jacques, Presidente de la Chambre de Commerce des Femmes entrepreneures d’Haiti.
Mesdames, Messieurs, en vos rangs, grades et qualites..

C’est avec plaisir que je m’adresse à vous aujourd’hui à l’occasion de ce colloque qui aborde un thème des plus importants : celui du renforcement du rôle de la femme entrepreneure.

S’il est une évidence qui fait l’objet du consensus le plus large et en Haïti, et dans les sphères globales liées au développement économique, c’est bien celui du rôle capital que joue la femme entrepreneure dans la structure et le fonctionnement réussi des divers processus économiques et sociaux à travers le monde. Malgré la domination encore forte de l’héritage patriarcal, les contributions productives et génératrices de revenus des femmes demeurent très visibles et, à n’en pas douter, vitales à plus d’un titre. Désormais, la prospérité durable des nations paraît pratiquement impossible si la femme est exclue des mécanismes du marché et de production, ou encore si des restrictions sont imposées à son accès aux ressources disponibles.

C’est pourquoi, depuis la fin du 20e siècle, l’approche Genre et Développement met l’accent sur les relations entre hommes et femmes pour, à la fois, promouvoir le développement économique et social, et poursuivre une réduction soutenue de la pauvreté. De nos jours, le concept de développement durable ne peut se concevoir que dans une perspective de genre, laquelle exige non seulement une vision d’intégration des droits fondamentaux de toutes et de tous, mais encore la poursuite systématique de politiques équitables et non-discriminatoires, particulièrement en ce qui concerne le genre. Cette perspective de genre s’épanouit désormais à travers une notion que la langue anglaise définit comme gender mainstreaming, c’est-à-dire la recherche de l’égalité des sexes. Une telle notion préconise que l’effort de mise en œuvre de tout programme de développement soit fondé sur l’essor des questions de genre, au même titre que sur la promotion des droits de l’homme.

Il faut s’entendre sur un point essentiel. Le fait d’œuvrer à assurer à la femme une place de première ligne dans le projet de développement économique ne répond pas seulement à un élan humanitaire, ni à un simple souci de réparation d’une injustice historique universelle. Les sociétés contemporaines n’ont d’autre alternative que de donner une place de choix à la femme au sein de l’agenda économique parce que la femme est indispensable pour un tel agenda. Les recherches empiriques ne se comptent plus, qui font la preuve du succès économique nettement plus grand des sociétés qui traitent l’homme et la femme de manière plus équitable. Les nations qui ont fait le choix opposé ont enregistré une croissance économique moindre, ainsi qu’une capacité restreinte à réduire la pauvreté.

De même, les disparités sociales basées sur le genre ont, à travers l’histoire, produit des résultats économiques inefficaces. Par exemple, une analyse publiée en 2003 par un groupe d’étude de la Banque Mondiale a estimé que si, entre 1960 et 1992, les pays d’Afrique avaient réduit l’écart hommes-femmes en matière de scolarisation au même rythme que les pays de l’Asie de l’Est, il en aurait résulté, sur la trentaine d’années, un doublement du revenu par habitant de la région africaine.

D’ailleurs, la réputation de fiabilité et de crédibilité que se sont donné les femmes en ont fait la main-d’œuvre de prédilection dans les industries transnationales du textile et de l’électronique. Déjà les programmes de microfinance un peu partout dans le monde, et certainement chez nous en Haïti, ont manifesté une option préférentielle pour les femmes parce que celles-ci se sont révélées de bonnes gestionnaires financières qui n’ont pas leur pareil pour rembourser les prêts avec discipline, selon le calendrier convenu. L’argument selon lequel la femme doit être placée au cœur du développement économique se justifie aussi par la capacité avérée de la femme à être une distributrice plus judicieuse de biens et de services au sein du foyer.

S’agissant de notre pays, spécifiquement, la réputation d’agent économique d’avant-garde des femmes n’est plus à faire. L’image de la marchande portant son panier de provisions sur la tête, ou encore tenant des étalages de produits alimentaires dans des marchés publics, est devenue symbolique, très caractéristique de l’activité économique informelle, majoritaire en Haïti. La commercialisation d’une grande partie de la production rurale passe par les « Madan Sara », cette entrepreneure emblématique dont les succès d’affaires tiennent des fois du miracle. Ce n’est pas sans raison qu’on fait souvent référence à elle pour caractériser l’économie haïtienne. Nombreuses sont ces femmes qui, souvent partie d’un commerce très minime, arrive à subvenir aux besoins de leurs enfants et à en faire des professionnels de premier ordre.

N’hésitons pas à le dire : fanm ze zo rèl do ekonomi ak sosyete peyi d’Ayiti.

Dès lors, il convient d’offrir à nos femmes, dont beaucoup sont des fanm vanyan, un cadre de fonctionnement meilleur que celui qui existe actuellement, et qui se caractérise par des limites telles que

  • l’insécurité,
  • une rentabilité faible,
  • la marginalisation comme secteur informel pas toujours bien vu,
  • et j’en passe.

Il convient d’œuvrer a? une meilleure valorisation et une plus grande organisation des activités des femmes, surtout dans le monde agricole où leur dynamisme les fait jouer un rôle de levier.

Une telle démarche ne peut pas faire l’économie de l’approche entrepreneuriale. L’entrepreneuriat féminin est une des meilleures stratégies susceptibles de valoriser le statut socioéconomique des femmes, de les faire cesser d’être des agents économiques de seconde zone cantonnés dans des activités économiques informelles.

Dans une perspective de décentralisation économique et de création de la richesse dans un contexte de développement durable et de réduction de la pauvreté, l’utilisation de la technologie parait une solution de premier choix. Il s’agit, dans le cas spécifique des femmes entrepreneures, de mettre à contribution les nombreuses opportunités qu’offrent les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) en termes d’amélioration de la performance des entreprises en général. Il faut envisager comment utiliser des outils comme les smartphones, les tablettes, etc., et aussi des logiciels comme les applications de marché ou les applications sur le Cloud, pour tirer parti des opportunités d’efficacité qu’offrent les technologies en question.

Les NTIC permettent à long terme d’exploiter le potentiel d’une entreprise, de structurer le système d’information, de gagner en performance et en productivité, et de prendre avantage des plus récentes innovations. En outre, grâce à l’internet, l’entreprise s’ouvre sur le monde et peut se faire connaitre.

Le visage de l’entreprenariat change et évolue grâce à la technologie qui permet de se créer une part de marché plus facilement, et aussi d’exploiter au mieux les potentiels et les talents. Évidemment, l’atteinte d’un tel objectif de prospérité et de productivité n’est pas aisé, et les femmes entrepreneures devront surmonter de nombreux obstacles et contraintes. Elles devront relever bien des défis comme :

  • les problèmes de manque d’inclusion financière ;
  • et aussi les insuffisances de la législation concernant le monde informatique, le commerce électronique et d’autres domaines connexes ;
  • et enfin les carences en termes d’éducation financière qui empêchent de prendre des décisions optimales en matière de choix de services financiers ou de moyens pour mieux offrir des services

Il est d’autant plus souhaitable d’envisager une voie nouvelle pour les femmes entrepreneures d’Haïti que leur situation courante est très difficile. Ne pouvant pas répondre aux exigences des institutions financières formelles, les femmes entrepreneures ont souvent recours aux circuits financiers informels, tels que les prêts accordés par des proches, par un « notable » de la région ou par un usurier ; les « sol », etc. Le microcrédit octroyé par des institutions de microfinance est également largement utilisé par les femmes entrepreneures pour de faibles montants, ceux de moins de 100 mille gourdes.

Il est énorme, le travail qui nous attend tous, y compris l’État haïtien. Pour sa part, la BRH s’est engagée résolument dans une stratégie d’inclusion financière visant la protection et du consommateur, et du producteur. Nous voulons accorder une attention particulière aux femmes entrepreneures afin de leur faciliter l’accès au crédit et à d’autres services financiers. Ce faisant, nous nous penchons sérieusement sur cet objectif du document de stratégie nationale qui prévoit la promotion de l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) pour la prestation de services financiers. À travers les différentes actions à mettre en œuvre, l’objectif final est d’ouvrir le marché financier aux femmes entrepreneures grâce aux NTIC et à une règlementation adaptée à leurs besoins tout en tenant compte des obstacles structurels du pays.

Conjuguons donc nos forces et nos moyens afin de mettre nos femmes entrepreneures en mesure d’accéder pleinement à la place que, depuis toujours, leur a méritée leur contribution extraordinaire au fonctionnement quotidien de la communauté haïtienne toute entière.

Je vous souhaite donc à toutes et à tous un fructueux colloque.

Jean Baden Dubois
Gouverneur


Honorables parlementaires,
Monsieur le Secretaire General de la Primature,
Monsieur le President de la Cour Superieure des Comptes et du Contentieux Administratif,
Mesdames, Messieurs les membres du Gouvernement,
Madame le Représentant résident de la Banque Mondiale,
Monsieur le représentant du Fonds Monétaire International,
Monsieur le representant résident de IFC,
Messieurs les représentants des organisations internationales,
Mesdames, Messieurs les Maires de la zone métropolitaine,
Mesdames, Messieurs les Directeurs Généraux,
Mesdames, Messieurs les Représentants de l’administration publique,
Chers Collègues du Conseil d’Administration,
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Distingués Invités,

Au nom du Conseil d’Administration de la Banque de la République d’Haiti, je tiens tout d’abord à souhaiter et à exprimer mes plus vifs remerciements à toutes les personnalités qui ont bien voulu répondre à notre invitation à cet atelier, pour débattre du thème : « Gouvernance », ce qui traduit votre intérêt pour faire avancer les choses.

Mes propos de remerciement vont également à l’endroit de tous ceux qui ont supporté l’organisation d’un tel atelier, nous voulons parler du Groupe de la Banque Mondiale.

Permettez-moi tout d’abord de situer un peu le contexte de cet atelier. La réflexion autour de la bonne gouvernance s’inscrit dans le cadre du renforcement des capacités institutionnelles et surtout de la volonté des dirigeants de faire de cette problématique la cheville ouvrière d’un état moderne et efficace.

L’environnement économique et social actuel caractérisé particulièrement par : une dégradation sensible du niveau de vie des ménages, une hausse des prix des produits de consommation de base, une récurrence des catastrophes naturelles et des chocs externes multiplie les défis auxquels l’Etat central se trouve confronté.

Malgré les efforts consentis et réalisés au sein des différentes institutions publiques et des collectivités territoriales, la question de la gouvernance est significative pour l’Etat.

Si les débats sur la gouvernance d’entreprise, synonyme de l’art de mieux gouverner, remontent aux années 30, ce concept se cherche encore en Haiti et la tenue de cet atelier traduit nos préoccupations.

Gérer les affaires économiques, publiques et privées grâce à des institutions, des mécanismes et des procédures connues, dans l’efficience et l’équité en vue d’un bien-être des individus et des collectivités. C’est là une définition de la bonne gouvernance.

Le développement d’Haiti passe par le renforcement de l’Etat et l’adoption de bonnes pratiques en matière de gouvernance. Cela exige un engagement politique fort des autorités qui doivent les expliciter et dégager les moyens nécessaires pour leur succès. Nous sommes convaincus que le renforcement des bonnes pratiques en matière de gouvernance des institutions haïtiennes contribuera plus efficacement à l’amélioration de leur performance et, partant, à l’essor économique de notre pays. Le renforcement des capacités des institutions est donc nécessaire.

Mesdames et Messieurs,

La gouvernance renvoie aux règles, pratiques et normes observées dans la gestion d’un pays. Une bonne gouvernance respecte les valeurs de transparence et d’éthique et se conforme aux exigences légales en vigueur dans le pays concerné. Une gouvernance saine et transparente exige donc des pratiques rigoureuses reposant notamment sur l’obligation de rendre des comptes à intervalles réguliers. Elle vise également à combattre la corruption, qui par essence contourne et travestit les règles établies.

Les règles font également appel à la responsabilité de tous à commencer par les dirigeants au plus haut niveau, notamment les Conseils d’Administration et, dans une certaine mesure, les Directions Générales.

Aussi, est-il important que les dispositions soient prises afin de s’assurer de la mise en place d’une politique nationale qui nécessitera une collaboration étroite entre plusieurs groupes d’intervenants, chacun avec un ensemble de rôles et responsabilités principales.

Mesdames et Messieurs,

Il est temps d’aligner nos visions du développement économique et social. La production de richesses et la création d’emplois sont des conditions prioritaires pour viabiliser les réformes déjà entamées et pour soutenir une relance économique durable. Ainsi, les mobilisations de ressources et les efforts qui sont consentis ne pourront pleinement réussir qu’avec une politique de bonne gouvernance.

Je voudrais terminer en vous invitant à tirer meilleur profit du présent atelier pour renforcer les dispositifs de gouvernance au sein de vos structures respectives.

Merci


Monsieur le Ministre de l’Economie et des Finances,
Honorables Parlementaires,
Madame, Messieurs les maires,
Mesdames, Messieurs les Directeurs Généraux,
Mesdames, Messieurs les représentants du système bancaire et financier,

Au nom du Conseil d’Administration de la Banque de la République d’Haïti et en mon nom propre, je vous souhaite une chaleureuse bienvenue à ce forum dédié aux enjeux économiques de la copropriété.

Mesdames et Messieurs,

En Haïti, les espaces à usage d’habitation se font de plus en plus rares alors que la population est en augmentation constante.

L’urbanisation croissante de nos chefs-lieux de départements et de la capitale requiert de nouveaux aménagements du territoire et des plans de développement durable. L’occupation de l’espace des villes doit être pensée et repensée de manière plus fonctionnelle si l’on tient compte de l’existant.

Le développement de façon verticale est la seule manière de faire face à la problématique du logement. Il faudra bien sûr tenir compte des impacts socio-économiques, culturels et environnementaux.

Au niveau légal, la loi du 13 août 1984 organisant le régime de la copropriété et l’arrêté du 15 décembre 2011 fixant la procédure et les modalités d’application de la loi du 13 août 1984 constituent le cadre juridique de base. En outre, en 2013, le secteur de l’immobilier a été déclaré prioritaire en vertu des dispositions du Code des investissements afin d’appuyer la politique nationale de promotion des logements. A cet effet des avantages incitatifs ont été accordés aux entreprises éligibles.

Malgré ce dispositif qu’on pourrait qualifier d’embryonnaire, il n’existe pas réellement de projet immobilier majeur à voir le jour dans le pays. Certes, des projets de construction de logements sociaux et d’appartements ont été initiés ces vingt dernières années. Cependant, ces initiatives ont montré leur limite avec la rareté des espaces à usage d’habitation.

Par ailleurs, la BRH, tout en menant une politique monétaire globalement restrictive pour lutter contre la volatilité de la gourde et combattre l’inflation, a mis en place et renforcé plusieurs programmes visant à faciliter, le financement de certains secteurs productifs clés à forte valeur ajoutée et pouvant influer fortement sur la quantité d’emplois créée et sur la croissance économique, ce, en collaboration avec les institutions financières.

C’est ainsi que, depuis 2011, la BRH, en tandem avec la plupart des banques de la place, exécute avec un certain succès, un programme de refinancement de l’immobilier résidentiel pour stimuler le crédit bancaire au logement, combler le déficit de logement et faciliter l’accès à la propriété. L’idée est essentiellement d’agir sur la disponibilité du crédit, de réduire les coûts financiers des fonds empruntés et de rendre les prêts immobiliers plus intéressants pour les particuliers et pour les institutions financières.

Le programme, dénommé Kay Pa’m, a aidé les banques à financer des constructions résidentielles avec :

  • un taux d’intérêt qui varie entre 8 à 10%
  • un taux d’intérêt fixe sur 10 ans, et
  • un financement exclusivement en gourdes.

Le succès du programme Kay Pa’m s’est traduit par l’augmentation du nombre d’institutions participantes et des produits hypothécaires offerts à la clientèle. Les dernières données suggèrent une progression significative des prêts à l’immobilier résidentiel, consécutivement à l’expansion de ce programme. Cependant, c’est loin d’être suffisant. A partir de sources combinées, il a été estimé un déficit d’offre de logements de 300,000 unités en 2009 sur un stock de logements de 2,1 millions d’unités occupées. Le séisme de 2010 est venu creuser encore plus ce déficit. Une statistique venant de l’état haitien estimait en 2013 que « la zone métropolitaine de Port-au-Prince à elle seule nécessitera au moins 500,000 unités de logement supplémentaires pendant les 10 prochaines année pour combler le déficit d’avant séisme, pour réparer les dégâts du tremblement de terre et pour répondre à la demande substantielle de logements consécutive au développement urbain » Nous en sommes encore très loin..

Mesdames et Messieurs,

La problématique du logement en Haïti demeure préoccupante. Toutefois, il s’avère nécessaire d’analyser, de discuter, d’échanger et de poser les problèmes : quelles sont les politiques publiques en matière d’urbanisation et de logement ? Il nous faut soulever la problématique du cadastre, les problèmes liés à l’environnement. Il nous faut aborder les questions de financement de l’immobilier et les risques encourus par les institutions financières, sans écarter les aspects légaux, l’enregistrement des titres et des contrats, la fiscalité et, enfin, explorer des pistes tels que les possibilités de partenariat entre l’Etat et le secteur privé.

L’appui économique au secteur du bâtiment ne peut se faire de manière adéquate si ces questions ne sont pas posées et des solutions viables ne soient pas trouvées et mises en application.

Les avantages de la copropriété sont pourtant multiples. Il est irrationnel de penser que ce déficit de logement peut être comblé avec notre manière traditionnelle de construire des résidences isolées, une par une……. La copropriété répond à une nécessité en raison de sa commodité et de son coût d’acquisition généralement plus abordable. La copropriété peut répondre à la pénurie du logement décent pour les ménages à revenu moyen dans de meilleures conditions de coût et d’environnement physique.

Il est donc indispensable de sensibiliser les acteurs publics et privés, d’informer les promoteurs immobiliers, hommes et femmes d’affaires, banquiers et autres opérateurs économiques de cette opportunité non négligeable dont ils disposent, mais manifestement encore trop peu connue du grand public.

La BRH s’est engagée dans des réflexions pour orienter un pan de sa politique vers un programme de refinancement de Promoteurs Immobiliers, ou développeurs de grands projets immobiliers au bénéfice des cadres de la fonction publique, des professionnels et de la diaspora haitienne. Ces projets devraient viser la construction de Complexes d’Appartements destinés à la location ou à la vente en copropriété, la construction de villages résidentiels, l’acquisition et la viabilisation de terrains destinés à un projet de logement.

Ces programmes une fois lancés, devraient servir de base au développement, dans le moyen terme d’un marche obligataire à travers la titrisation des portefeuilles de prêts immobiliers.

Nous espérons que ce forum permettra de mieux identifier les contraintes, de faire ressortir les difficultés, de fournir des pistes de réflexion et d’aboutir à des politiques publiques de logement, au renforcement du secteur du bâtiment, à la valorisation des métiers liés à la construction, à un cadre juridique concis et adéquat, au développement de mécanismes financiers, à l’accroissement du crédit immobilier, mais surtout à rendre accessible aux ménages et familles un logement décent.

Voilà, Mesdames, Messieurs, un véritable défi pour le développement économique du pays.

Pour commencer à faire face à ce défi, le présent forum nous offre l’occasion de réaliser une réflexion approfondie en vue de la construction d’immeubles en copropriété dans une perspective de réduction des coûts et des risques.

Nous remercions les distingués panélistes qui ont accepté notre invitation de ce jour et formulons le vœu que les travaux de ce forum soient couronnés de succès.

Merci !

Port-au-Prince, le 29 juin 2017

Madame le Directeur General,
Messieurs les représentants du Ministère de l’Économie et des Finances,
Monsieur le PDG du Groupe Croissance
Mesdames, Messieurs les Directeurs des Banques Commerciales,
Mesdames, Messieurs les représentants des supermarchés et autres établissements commerciaux,
Chers collègues de la BRH et du système bancaire,
Distingués invités,

Au nom du Conseil d’Administration de la Banque de la République d’Haïti, BRH, et en mon nom propre, je vous souhaite une chaleureuse bienvenue à ce Forum dédié à la « Problématique de la distribution et de la disponibilité de la monnaie en Haïti ».

Le thème du forum d’aujourd’hui est d’une importance qu’on ne saurait trop souligner. Cette importance tient au caractère vital que revêt la monnaie dans toute société qui participe aux mouvements et transactions de l’économie moderne. Il est vrai que, depuis quelques temps déjà, la monnaie traditionnelle est en proie à la concurrence vigoureuse de diverses formes non physiques de moyens d’échange. Il est vrai aussi que l’évolution monétaire la plus marquée dénote une tendance croissante à la dématérialisation, surtout avec l’émergence récente de monnaies électroniques comme le bitcoin. Toutefois, cette réalité n’empêche guère encore que la monnaie physique ou le cash reste cet élément nécessaire pour échanger pleinement dans nos sociétés contemporaines de production. En fait, on n’a pas hésité à attribuer au mouvement de circulation de la monnaie au sein de l’économie des attributs pareils au mouvement du sang à travers le corps humain.

Un rôle si prépondérant, essentiel même pourrait-on dire, s’explique par le fait que la monnaie est un intermédiaire de choix qui permet aux agents économiques de manifester une demande effective pour les divers produits disponibles sur le marché. Elle est donc cet instrument unique d’amélioration des circuits d’échanges, un maillon incontournable de la chaîne économique qui unit la production à la consommation. C’est une fonction que la monnaie a toujours exercée, et ce, comme nous le révèle la numismatique, à travers les diverses formes qu’elle a connues depuis le troc du tout début.

De manière encore plus fondamentale, et d’un point de vue conceptuel, la monnaie permet aux opérateurs du marché d’évaluer quantitativement ladite demande afin, d’une part, d’exprimer la force de celle-ci par rapport à l’offre disponible et, d’autre part, de refléter la rareté relative des biens et services telle qu’exprimée par le système des prix. À cela, il faut ajouter les atouts instrumentaux de la monnaie, lesquels se manifestent à travers les diverses fonctions de celle-ci. Ainsi, la monnaie :

  • se fait unité de compte, de par sa divisibilité ;
  • elle se fait réserve de valeur, de par sa durabilité ;
  • et elle se fait moyen de paiement, de par le consensus collectif qui garantit son invariable acceptabilité.

Dès lors, au vu de tous les enjeux qui découlent du rôle qu’elle assume pour le financement de l’économie, l’on comprend que la monnaie se place au cœur de la mise en œuvre par la Banque Centrale de sa mission de surveillance du fonctionnement du système financier en vue d’en assurer la stabilité constante. C’est que le cash reste, jusqu’à aujourd’hui encore, le moyen prédominant de règlement des transactions financières routinières de l’économie domestique. Du coup, il revient à la Banque Centrale d’assurer que le système économique haïtien, dans toutes ses composantes, sans exclusive, dispose d’une monnaie fiable, et disponible sans restriction et de manière continue.

Ce mandat consistant à s’assurer que les moyens de paiement en monnaie fiduciaire mis à la disposition du public suffisent pour répondre aux besoins de l’économie, c’est à sa Direction de la Caisse et du Réseau que la BRH l’a confiée. Un tel mandat se place en ligne directe de la vision que le Conseil d’Administration que j’ai l’honneur de diriger a définie pour la BRH, et je cite :

« Une banque centrale moderne et efficiente, soucieuse de la stabilité des prix et du développement du système financier et déterminée à encourager la croissance des secteurs réels de l’économie dans l’optique d’une Haïti inclusive ».
Fin de citation.

Cependant, la BRH croit qu’un système ne peut fonctionner à point que lorsqu’il y a cohérence entre les comportements de toutes les structures qui le composent. Si telle composante remplit le rôle dévolu à telle autre, des confusions se créeront, des goulots d’étranglement se formeront, et des inefficiences se développeront. Naturellement, ce système finira par s’essouffler.

L’organisation de ce Forum découle à la fois de cette vision d’inclusion des secteurs réels de l’économie et de ce mandat d’assurer l’approvisionnement adéquat du marché en monnaie fiduciaire.

Divers sujets seront débattus au cours de la journée. Citons, entre autres :

  • la nécessité de créer un mécanisme de dialogue entre les Directeurs des Opérations des Banques afin de mieux servir les agents économiques ;
  • la problématique de la disponibilité de la monnaie chez nous ;
  • les annonces et propositions qui seront faites par la Direction de la Caisse et du Réseau pour une gestion plus moderne et plus efficiente des questions relatives à la gestion du cash ;
  • et j’en passe.

Toutes ces conversations et tous ces échanges participent de cette politique d’ouverture que la BRH entend pratiquer à l’égard de tous les acteurs de l’économie réelle. La tenue de ce Forum est aussi une des nombreuses manifestations de notre politique de partage et de divulgation de l’information financière.

En vous accueillant ici ce matin à l’occasion du lancement de ce Forum, j’espère témoigner, s’il en était besoin, de l’importance que l’actuel Conseil d’Administration de la BRH accorde à la stabilité du système financier de notre pays. C’est également un gage de soutien envers la Direction de la Caisse et du Réseau qui a résolument embrassé la vision du Conseil et qui, ces derniers temps, se distingue par un certain nombre d’initiatives orientées vers cette modernité et cette efficience que nous prônons. Je pense particulièrement à l’acquisition et à la mise en service d’équipements sophistiqués comme le CPS 1500, destiné au comptage automatisé des billets, ou encore le BDS qui sera affecté à la destruction des billets mutilés.

Je vous encourage donc à participer activement aux échanges et aux débats afin de nous permettre de trouver des solutions réalistes et durables aux différents problèmes qui nous préoccupent, dans l’espoir de dégager un consensus, un « modus operandi » pour un fonctionnement harmonieux du système.

Bonne journée, et bon travail à toutes et à tous !

Jean Baden Dubois
Gouverneur de la BRH

Mesdames/Messieurs les PDG et Représentants des banques commerciales

Mesdames/Messieurs les Représentants du secteur privé

Monsieur le PDG du Group croissance

Monsieur le PDG de PROFIN

Chers collègues du CA de la BRH

Mesdames/Messieurs

Le Sommet International sur la Finance est devenu le rendez-vous annuel le plus prisé pour les praticiens des questions économiques et financières comme pour les académiques en quête d’un espace de réflexions structurantes sur le financement du développement en Haïti. Le forum, il est vrai, a pris ces dernières années une dimension majeure avec la forte diversité et le caractère utilitaire des activités développées dans les ateliers de travail. La deuxième édition du Fin Tech qui se tient dans la continuité d’une initiative heureuse qui a débuté l’année dernière atteste de la bonne santé d’un Sommet qui a désormais pignon sur rue et acquis ses lettres de noblesse.

Cette année encore, le menu est copieux mais équilibré. Un arbitrage difficile mais toujours à la portée d’organisateurs efficients qui ne sont pas à leur coup d’essai. Les activités sont de première qualité, ce qui garantit la satisfaction de cette auguste assemblée que vous formez et des esprits critiques que vous représentez. La richesse du Sommet International de la Finance est là ; dans ce creuset d’idées et de diversités. Bienvenue à la 7ième édition. Le thème central est de la plus haute importance : Financer l’Immobilier en Haïti. Il est au cœur d’une problématique plus large : le besoin d’une croissance forte et soutenue face à une dynamique démographique intense.

Mesdames et Messieurs,

Je voudrais me faire complice d’un acte de contagion ce soir. Celui de vous communiquer la joie et l’enthousiasme que je ressens à délivrer cette adresse à l’occasion de la 7ième édition du Sommet Internationale sur la Finance et de la deuxième édition du Fin Tech. Mais je ne parle pas qu’en mon nom.

  • Je parle au nom du Group Croissance et de son Président-Directeur Général Kesner Pharel à qui j’adresse un hommage chaleureux pour la qualité d’organisation et la régularité d’un événement qui gagne en ampleur chaque année sur le plan de la participation et sur celui de la pertinence de thèmes d intérêt majeur pour les politiques publiques et les acteurs économiques.
  • Je parle au nom des multiples stake holders dont la qualité et le niveau de représentation attestent de l’intérêt d’une communauté grandissante pour les questions de la Finance et pour le financement du développement en général.
  • Je parle certainement au nom de la Banque de la République d’Haïti qui, depuis quelques années, est passée de l’autre côté des coulisses pour devenir une coorganisatrice active du Sommet. Notre équipe travaille d’arrache-pied à améliorer la valeur ajoutée que notre institution apporte à l’organisation de l’événement. Elle garantit ainsi l’objectif de familiariser davantage les acteurs économiques avec la vision, les objectifs, les instruments de la Banque Centrale ainsi que les contraintes auxquelles elle fait face.

Vous comprenez donc pourquoi le succès qui couvrira les assises qui se tiennent durant les cinq jours ouvrables de cette semaine de la Finance ne sera pas le fruit du hasard. Un nombre important d’acteurs y aura contribué. Aussi, permettez-moi d’associer la voix de l’auguste assemblée que vous représentez à celle du Conseil d’Administration de la BRH pour adresser des remerciements chaleureux à tous ceux qui, personnes physiques ou morales, à un niveau ou à un autre, auront fait de cette 7ième édition un succès de plus.

Mesdames et Messieurs,

La problématique du développement demeure le thème majeur dans un pays, où dans 65% des cas, le Produit Intérieur Brut par tête d’habitant est négatif sur les 36 dernières années. Pour le banquier central que je suis, le financement de la croissance, dans des conditions macroéconomiques saines, est au cœur de cette problématique. Il s’agit donc d’exclure les extrêmes que sont l’euphorie de la précipitation et la paralysie de l’attentisme. De ce point de vue, la consolidation des institutions financières, leur développement et l’élargissement de leur spectre d’action représentent la voie qui sied à une démarche raisonnée de politique monétaire propre à supporter la croissance.

La Stratégie Nationale d’Inclusion Financière participe de cette démarche et notre présence renforcée à ce Sommet répond au besoin d’en assurer la promotion à travers l’un des piliers importants de cette stratégie : l’éducation financière. C’est ainsi qu’au cours de la semaine dernière et pendant toute la semaine consacrée à la Finance, des cadres de la BRH se déplacent dans les écoles secondaires publiques et privées pour exposer aux écoliers des classes terminales des éléments basiques en économie et en Finance et traiter de sujets se rapportant à la mission et aux activités de la Banque de la République d’Haïti.

L’éducation financière est une entreprise de longue haleine qui devra toucher toutes les composantes de la population. Elle est pourtant appelée à porter des fruits assez rapidement et l’espérance de son rendement socioéconomique est parmi les plus élevées. Pour un Policy Maker, rien ne vaut une population éduquée des questions économiques et informées des politiques mises en œuvre. C’est la garantie première à l’émergence d’une double prévisibilité : celle de la réponse des agents économiques aux mesures envisagées et celle des solutions que doivent apporter les décideurs aux problèmes soulevés. Ce qui constitue la voie royale de la primauté des règles dans la conduite des politiques publiques sans omettre le rôle que jouent ces informations dans la formation des anticipations.

Une telle démarche devrait bénéficier tant qu’au cadre unique de l’environnement macroéconomique qu’aux cadres multiples des politiques sectorielles. Et dans le cas qui nous concerne aujourd’hui, à la réussite d’une politique éclairée de financement du secteur immobilier. Ce secteur se trouve à la jonction de trois dimensions d’un développement durable et intégré. Il est une sous-branche importante de la branche des Bâtiments et Travaux Publics autour de laquelle se construisent les infrastructures économiques et sociales. Il est un indicateur de mobilité sociale et de renforcement des classes moyennes. Il est une composante pérenne du moteur de la croissance économique à travers des effets directs notables et des effets induits renouvelés. Voilà pour l’essentiel, les motivations de la banque Centrale dans la promotion de ce secteur.

Mesdames et Messieurs

Le déficit de logements est un problème structurel que certains experts font remonter à la période de l’indépendance. Il participe d’une situation plus large liée aux problèmes de l’habitat et de l’urbanisation sans l’exclure de la problématique globale de l’aménagement du territoire. Cependant la nature du problème requiert une approche jointe qui tient de considérations de moyen et de long terme. Il s’en suit que les réponses aux problèmes du logement ne peuvent attendre la longue période de mise en branle d’une politique complète d’urbanisation. Elle doit, par contre, en tenir compte pour s’assurer de la durabilité des investissements dans le domaine et réduire les coûts futurs d’expropriation que la modernisation urbaine imposera aux ménages et au Trésor Public.

Les réflexions et les dispositions de la Banque Centrale en faveur du financement du secteur de l’immobilier remontent bien avant le 12 janvier 2010. La plus ancienne de ces dispositions date de la loi (décret) de création des Banques d’Epargne et de Logement qui les exonère de 50% des réserves obligatoires en vigueur. Ce qui atteste d’une forte tradition de préoccupation de l’institution pour le financement du secteur immobilier qui a cumulé, en 2009, un déficit d’offre de logements de 300,000 unités sur un stock de logements occupés de l’ordre de 2,1 millions unités selon des estimations venant de sources combinées.

Le séisme est venu fortement creuser le déficit d’offre déjà très sérieux. Les estimations cependant tombent dans un intervalle trop large pour être concordantes. Elles vont d’un minimum de 105,000 à un maximum de 300,000 unités détruites. Fort heureusement, une statistique qui fait autorité, puisque venant de l’Etat haïtien, estimait en 2013, que « la zone métropolitaine de Port-au-Prince à elle seule nécessitera au moins 500,000 unités de logement supplémentaires pendant les 10 prochaines années pour combler le déficit d’avant séisme, pour réparer les dégâts du tremblement de terre et pour répondre à la demande substantielle de logements consécutive au développement urbain. »

Aujourd’hui, on ne peut approcher la question du logement en Haïti qu’en termes de crise profonde. Mais tout profonde qu’elle est, cette crise contient les germes du renouveau. Il dépendra du leadership des autorités publiques et de la perspicacité des investisseurs privés pour en tirer partie. La nature du problème immobilier en fait un secteur à potentiel très élevé de croissance. Il ne s’agit pas que d’unités de logement à bâtir. Dans une perspective moderne : il s’agit d’un domaine dont le profil et le contenu restent à concevoir ; il s’agit d’un espace économique dont la portée sociale est essentielle si l’on veut reconstituer les classes moyennes ; Il s’agit d’un secteur qui se prête aisément à une dynamique large de création de richesse grâce à la multiplicité des chaines de valeurs qu’il induit et la durabilité du processus qu’il peut enclencher.

Conduire tous azimuts une politique de développement du secteur immobilier est donc une nécessité d’un point de vue social et un passage obligé d’un point de vue économique. Une entreprise conséquente qui visera à réparer un drame séculaire qui trouve ses manifestations dans un habitat rural épars et une expansion anarchique des espaces urbains. La Banque Centrale s’attèle à trouver les meilleurs moyens, en termes de montages et de mécanismes financiers, pour amplifier son apport à la mise en branle d’un projet qui reste un objectif majeur de croissance et de développement. Son rôle demeure ancré dans les dimensions (économiques) jointes de ce projet d’envergure :

  • Une contribution incitative à la constitution par le secteur privé des affaires d’une offre diversifiée de logements et d’immeubles dans les meilleures conditions de coûts et d’environnement physique
  • La promotion d’une dynamique de croissance susceptible de garantir la solvabilité d’une demande en progression régulière qui permette une rentabilité suffisamment élevée pour viabiliser le secteur
  • L’effort de mobilisation des ressources pour financer les lourds investissements nécessaires à la réalisation d’économies d’échelle bénéfiques au marché. Je vous ferai grâce de calculs financiers rébarbatifs qui ne cadrent pas nécessairement avec mon adresse. Mais tentons pour le moins une arithmétique simple de la question immobilière. Restons dans la lignée d’une étude rendue publique après le séisme de 2010 pour nous en tenir à une demande annuelle de 4500 à 5000 unités venant de la classe moyenne. Dans des conditions raisonnables d’économie d’échelle, un prix unitaire moyen de $75,000 est dans l’ordre des transactions possibles pour des logements de niveau standard. Nous aboutissons pour cette seule composante de classe moyenne à un niveau annuel de l’ordre de 350 millions de dollars d’investissement résidentiel. Des ressources à la portée du système financier formel et dont le coût d’emprunt ne dépasserait pas les $700 le mois pour tendre vers les $350 au terme d’un prêt immobilier de 20 ans assorti d’intérêt bonifié de l’ordre de 5% à 6%.

Je n’irai pas plus loin en inférence pour projeter les effets directs et les effets d’entrainement d’un tel effort d’investissement sur l’économie. Contentons-nous d’admettre qu’ils sont potentiellement importants et durables s’ils sont renouvelés sur un horizon de moyen terme. Mais les étapes, diriez-vous, pour rendre faisables des objectifs de cette envergure, dans le cadre du développement du secteur immobilier, sont multiples et tiennent à de fortes pesanteurs de nature structurelle, légale et institutionnelle.

  • Les contraintes majeures du problème cadastral qui limitent la mise en œuvre d’une politique de l’habitat, rationnent le financement immobilier tout en renchérissant les coûts.
  • La multiplicité de coûts administratifs et fiscaux dont le cumul grève la part des ressources financières préposées à l’implantation immobilière proprement dite.
  • L’inadéquation d’un cadre légal suranné qui occasionne de sérieux coûts d’immobilisation sur le portefeuille de crédit immobilier des institutions financières en raison de trop longs délais de réalisation de propriétés données en gage.

Ces problèmes, pour ne citer que ceux-là, font partie d’un environnement globalement défaillant qui décourage les investissements dans le secteur et dilue les impacts des mesures incitatives à son financement. D’où le rôle fondamental que les politiques publiques sont appelées à jouer pour desserrer les contraintes d’un domaine de production capable de porter la croissance et d’animer des pans divers de l’activité économique. L’arrêté d’application de la loi sur la copropriété est un pas dans la bonne direction. Il incite à la modernisation d’un secteur dont la réalisation du plein potentiel requiert deux voies d’actions :

  • Celle portant sur les contraintes de nature structurelle et de nature juridico-administrative pour créer un cadre d’attraction et de rentabilité suffisantes des investissements.
  • Celle visant à réduire sur le moyen terme la composante des importations dans les coûts de construction pour magnifier les effets indirects induits par la croissance du secteur.

Sur le plan de la mobilisation des ressources, la Banque Centrale poursuit les travaux nécessaires à la mise en phase de son action avec les exigences de développement du secteur immobilier. L’accent est mis particulièrement sur les contours de l’environnement financier propre à supporter l’effort de financement qui devra mobiliser l’ensemble des acteurs du système bancaire et au-delà. Nous sommes conscients des limitations d’une approche partielle où les préoccupations de coûts l’emportent sur la coordination de politiques publiques d’horizons divers. C’est pourquoi nos réflexions portent en priorité sur la mise en séquence des actions de politiques qui permettront de raccourcir les délais de réalisation des objectifs visés.

Entre temps, la politique de stimulation du crédit en faveur du relèvement du secteur de logement suit son cours. Comme vous le savez, La BRH a pris des mesures pour exonérer de réserves obligatoires les ressources collectées par les banques et utilisées à des fins de crédit au logement et au secteur hôtelier. De même des protocoles d’accord ont été signés avec certaines banques dans le cadre d’un programme visant à financer, en des termes favorables, l’acquisition, la rénovation ou la construction de logements au bénéfice de clients solvables. Les réponses du marché immobilier à ces dispositions prendront de l’ampleur au fur et à mesure que s’aplaniront les contraintes de nature structurelle et institutionnelle comme celui du cadastre.

Pour contourner ce dernier problème, la BRH s’est engagée dans des réflexions pour orienter un pan de sa politique du logement vers le financement de promoteurs ou développeurs de grands projets immobiliers au bénéfice des cadres de la fonction publique, des professionnels et de la diaspora haïtienne. Ces projets devraient viser la Construction de complexes d’appartements destinés à la location ou à la vente en copropriété, la construction de villages résidentiels, l’acquisition et la viabilisation de terrains destinés à un projet de logement.

Ce programme, une fois lancé, devrait servir de base au développement, dans le moyen terme, d’un marché obligataire à travers la titrisation des portefeuilles de prêts immobiliers. La mise en place d’un tel marché pourrait contribuer à une meilleure allocation de l’épargne des agents économiques, alimentant ainsi un cercle vertueux de développement de ce secteur d’avenir.

Mesdames, Messieurs

J’espère vous avoir communiqué un peu de mon enthousiasme sur la question immobilière. Au départ je faisais remarquer que la voie des solutions au problème du secteur n’est pas celle des extrêmes : ni précipitation… ni attentisme. La réponse au séisme du 12 janvier 2010 fut un bon exemple de ce comportement mesuré. La BRH a ressorti des mesures qui portaient sur le coût et l’accessibilité du crédit au logement. Une démarche qui, dans un premier temps, rentrait nécessairement dans le cadre d’une approche partielle. Pour le débiteur comme pour un créancier, ce sens de l’urgence ne pouvait trouver réponse que dans les instruments de politique monétaire pour apaiser les tensions du marché immobilier et inviter les agents économiques à plus d’optimisme.

Avec le bénéfice du recul, une approche plus complète s’est imposée à la réflexion sur la problématique de l’immobilier. Elle permet d’intégrer une meilleure compréhension des dimensions d’avant et d’après séisme dans les solutions qui se dessinent. Au cours des dernières années, les réflexions sont passées par un processus de maturation qu’on retrouve dans la qualité des propositions et le caractère d’application qui s’y dégage. Le 7ième Sommet de la Finance est l’espace idéal pour consigner ces propositions dans un cadre cohérent de réflexions pour l’action. Praticiens des questions la Finance, décideurs politiques, professionnels du secteur, universitaires et investisseurs y trouveront leur compte. Voilà tout le bien fondé de cet enthousiasme que je veux être contagieux.

C’est donc avec emphase que, au nom du Conseil d’Administration de la Banque de la République d’Haïti, je remercie tous ceux qui font de ce Sommet ce succès qu’il est déjà. Ces remerciements vont particulièrement à l’équipe du groupe Croissance et à son PDG Kesner Pharel ainsi qu’à l’équipe de la BRH qui a travaillé sous la supervision d’un membre du Conseil d’Administration en la personne de Ronald Gabriel. Qu’ils trouvent ici l’expression de notre reconnaissance.

Merci!

Mesdames, Messieurs,
Chers participants,

C’est un plaisir de participer à cette conférence-débat sur les « transferts de fonds vers Haïti et leurs impacts sur l’économie nationale ». Je remercie le Coordonnateur Général du Conseil de Développement Economique Et Social de la Primature, M. Louis Naud Pierre, pour son invitation que j’ai acceptée avec d’ autant plus d’empressement que le sujet est d’importance pour la banque centrale.

J’espère que ce colloque –avec cette brochette d’analystes distingués et experts de haut niveau comme Charles Castel, mon prédécesseur à la BRH, Fritz Duroseau mon actuel collègue au Conseil d’ Administration, et d’autres spécialistes universitaires et de la communauté internationale- donnera lieu à des échanges fructueux susceptibles de conduire à des politiques publiques favorables à la stabilité et à la croissance économiques.

Mesdames, Messieurs,

Il est difficile d’exagérer –au moins pour Haïti- l’importance des remises de fonds, communément dénommées Transferts de fonds sans contrepartie en provenance de l’étranger ou encore Transferts courants dans la nomenclature internationale de la balance des paiements. Cet agrégat, qui regroupe les dons officiels officiels reçus de l’étranger et les envois de travailleurs d’origine haïtienne, s’élevait à US $2,5 (26.1% du PIB) milliards en 2014, dont 563.0 millions de dons officiels et US $2.0 milliards (19.7% du PIB) en remises de travailleurs. Les transferts courants (sur une base nette) devraient atteindre US $2.7 milliards par an (29.2% du PIB) et les envois de travailleurs autour d’US $2.3 milliards (25.0% du PIB) de cette année à l’exercice 2020-2021. A 22.7% du PIB en 2014, Haïti figure en 8ème place dans la liste des plus gros receveurs de transferts (ou les pays les plus dépendants des envois de travailleurs) après le Tadjikistan, la République Kyrgyz, le Népal, Tonga, la Moldavie, le Libéria et les Bermudes, selon la Banque Mondiale.

Mesdames, Messieurs,

Les transferts courants ne sont pas « produits » par l’économie comme le sont les exportations de biens et services et ne dépendent pas de l’économie comme le sont les importations de biens et services. Les recettes d’exportations nettes proviennent d’activités réelles servant de contrepartie alors que les transferts de fonds courants C’est un agrégat relativement autonome par rapport au reste du pays. En fait, il y aurait une relation négative entre l’état de l’économie et les transferts courants dans la mesure où l’aide humanitaire ainsi que les envois de travailleurs augmentent sensiblement après les catastrophes naturelles, ceteris paribus. En attendant plus d’études sur le sujet, les transferts de fonds semblent dépendre beaucoup plus du revenu des pays expéditeurs que de l’action des pays receveurs.

Ainsi la stagnation économique, la dégradation de l’ environnement physique et l’ explosion démographique, en favorisant l’ émigration massive –souvent illégale- de ressortissants haïtiens vers l’ Amérique du Nord et les Caraïbes (et maintenant vers l’Amérique du Sud) coïncident avec une expansion extraordinaire des transferts courants de US $64.8 millions en 1981 à US $234.3 millions en 1991 pour atteindre US $768.6 millions en 2001 et US $2.8 milliards en 2011.

Un premier constat est que les transferts courants, tout en finançant le reste de l’économie, augmentent plus vite que le PIB et, par conséquent, ne contribuent pas beaucoup à la croissance. Un deuxième constat qui dérive du premier : à part la construction de résidences et l’acquisition d’instrument aratoires et d’autres outils de production, les transferts de fonds, particulièrement les envois de travailleurs, financent de plus en plus plus les importations de produits alimentaires ou d’habillement, au détriment de la production locale.

Un troisième constat est le dynamisme observé des transferts vers l’extérieur (par opposition aux transferts de l’extérieur) notamment depuis le tremblement de terre de janvier 2010. Renforçant une tendance qui remonte à la fin des années 1980, avec les turbulences universitaires et la dégradation relative de la qualité de l’enseignement, des transferts vers l’extérieur financent en permanence la scolarité des membres de familles émigrés, souvent depuis le niveau secondaire.

Mesdames, Messieurs, La BRH a la charge de la préparation de la balance des paiements et, par conséquent, compile les données sur les transferts courants de fonds, notamment les envois des travailleurs, aussi bien vers que de l’extérieur. Elle travaille conjointement avec ses partenaires notamment l’ IHSI, le Centre d’Etudes Monétaires Latino-Américains (CEMLA), la BID et le FMI pour l’amélioration constante de la qualité des données statistiques. La BRH également surveille de près les flux de transferts à des fins d’évaluation systématique des liquidités sur le marché des changes et le marché monétaire, dans le cadre de l’exécution de la politique monétaire.

Les transferts sous forme d’envois de travailleurs sont devenus la plus grande source de financement extérieur dans les Caraïbes et en Afrique, dépassant de loin l’aide officielle au développement, les investissements directs et les investissements de portefeuille. Le récent rapport de la Banque Mondiale prévoit que les envois de travailleurs dépasseront US $500.0 milliards l’an au cours des prochaines années.

Mais, outre l’ampleur de ces flux, il a été observé que les transferts de fonds « possèdent une valeur intrinsèque en matière de développement » et jouent un rôle de « vecteur pour faciliter la plus grande inclusion financière », selon l’Organisation Internationale de la Francophonie. Les revenus de transferts supportent la consommation journalière en nourriture et en énergie ainsi que les investissements de base dans l’éducation, par exemple. Ces ressources permettent également de financer le lancement de bon nombre de petites et moyennes entreprises et représentent également « un important outil d’amélioration de l’autonomisation économique des femmes… ».

Dans ce contexte, la BRH met tout en œuvre pour la réalisation de l’objectif mondial de réduction des coûts des transferts de 11 à 5%, l’accès aux services de transferts pour les plus pauvres et l’ utilisation des transferts pour faciliter une plus grande inclusion financière et une croissance économique de qualité.

Sur ce, Mesdames et Messieurs, je souhaite le plus grand succès à la conférence.

Merci.

La Banque de la République d’Haïti a achevé la construction de son centre de convention et de documentation d’une superficie de plus de 6000 mètres au bas de la ville dans le centre historique de Port-au-Prince

Cette nouvelle construction, à l’ architecture contemporaine et audacieuse, occupe l’angle des rues Pavée et du Quai. Sa structure de béton repose sur plus de 360 pieux en acier et sa conception est le fruit d’un travail acharné d’une équipe d’architectes et d’ingénieurs aguerrie qui a coordonné chacune des étapes menant a la concrétisation de cette longue aventure, depuis sa conception jusqu’à la supervision des travaux.

Ce bâtiment marque un jalon important dans le nouveau développement du centre-ville de Port-au-Prince, puisqu’il est parmi les premiers édifices publics a y être reconstruits en intégrant des technologies de pointe en matière de construction parasysmique et paracyclonique.

Plus de 1000 mètres carres de toitures végétalisées qui réduiront d’autant les ilôts de chaleur au centre-ville

  • Un lobby principal d’entrée isolé des rues adjacentes par un mur végétal
  • Une ventilation et un éclairage naturels maximisees dans tous les espaces occupés
  • Des panneaux solaires pour le chauffage de l’eau domestique
  • Un système de récupération des eaux de pluie et des eaux grises des lavabos pour l’irrigation automatique des aménagements paysagers
  • Des systèmes de traitement de l’air à vitesse variable controlée par détecteurs de mouvement, ainsi que des unités de ventilation qui auront la possibilité de fonctionner en mode de refroidissement gratuit lorsque la température extérieur sera favorable
  • Des appareils de plomberie à débit réduit en eau incluant des cabinets à double chasse
  • Des appareils d’éclairage de type LED et des moteurs à haute efficacité énergétique
  • Des brise-soleil en bois d’ IPÉ réduisant les accumulations de chaleur thermique

Une salle d’ exposition multifonctionnelle d’une superficie totale de 900 m2 avec un dégagement de 10 mètres libres sous son plafond et pouvant recevoir près de 1000 visiteurs

    • Plusieurs configurations de cette grande salle permettent la tenue d’évènements diversifiés; notamment des expositions de grand calibre, des conférences, des spectacles musicaux et théatraux ainsi que des conventions
    • Cette salle, dotée d’équipements techniques multimédia à la fine pointe, est équipée de deux cloisons mobiles et motorisées permettant sa subdivision en 3 salles distinctes, deux d’entre elles bénéficiant d’ un système de climatisation, et pouvant être généreusement ouvertes sur l’ extérieur
    • 2 salles de régie munies des équipements permettant la traduction simultanée
    • 4 salles de réunion, équipées de système de visioconférence, chacune d’une superficie de 65 m2 pouvant acceuillir chacune jusqu’à 70 personnes
    • Un foyer d’une superficie de 300m2, constituée d’une terrasse extérieure couverte et immédiatement accessible depuis le lobby d’entrée, menant à la salle principale et pouvant acceuillir 300 personnes
    • Un lobby d’entrée, généreusement ouvert sur la rue, planté de grands palmiers et d’une superficie de 380 m2
    • Un restaurant pouvant recevoir 125 personnes
    • 5 locaux à bureaux sur la rue Pavée de superficies variant de 35 m2 à 55m2
    • Un espace de documentation et de bureaux d’une superficie de 290m2
    • Un secteur administratif de près de 120m2
    • Un loge d’artiste pour les prestations musicales et théatrales

Enfin, des matériaux nobles et naturels, intégrant la pierre du pays et le bois d’ IPÉ

Je dois commencer par féliciter le président et les membres de la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Grand’Anse pour cette initiative d’organiser, en partenariat avec la Banque de la République d’Haïti (BRH), cette conférence sur la transformation économique de ce département géographique.

Je présente mes vifs remerciements aux organisateurs pour ce grand honneur fait à la BRH en l’associant à cette activité qui coïncide avec la fête patronale de Jérémie, la magnifique cité des poètes. Je profite donc de cette occasion pour souhaiter, au nom de mes collègues du Conseil d’Administration de la BRH et en mon nom propre, une bonne fête à tous les Jérémiennes et Jérémiens.

C’est donc pour moi un immense plaisir de prendre la parole dans le cadre de cet événement prestigieux, qui, sans nul doute, contribuera à mettre en valeur les nombreux potentiels économiques du département de la Grand’Anse. Le département doit se relever des conséquences néfastes de l’ouragan Matthew, par la création d’un climat favorable à l’investissement privé.

Depuis le séisme du 12 janvier 2010, la BRH tente de jouer sa partition dans la relance de l’économie nationale à travers des mécanismes de stimulation du crédit productif, c’est-à-dire, à forte valeur ajoutée et avec des effets induits sur la croissance économique, les exportations et la création d’emplois durables. Sous mon administration, à l’intérieur d’un cadre de politiques publiques qualifié de « pro-croissance », ces mécanismes initiés dans le secteur immobilier ont été renforcés et étendus à d’autres secteurs économiques, notamment l’Agriculture et l’Agro-industrie. C’est donc dans ce contexte particulier que je vais vous entretenir des objectifs visés par ces mécanismes.

La BRH, de par sa loi organique, entend utiliser les moyens dont elle dispose pour conduire la politique monétaire d’Haïti et veiller à la stabilité du système financier national. En exécutant ce mandat, elle s’assure que ses actions sont inscrites dans le cadre de relance défini par les autorités gouvernementales.

Je me réjouis toujours de participer à ces rencontres qui offrent l’occasion d’échanger des idées, de débattre et de partager des réflexions en vue non seulement d’aider à la stabilité macroéconomique, mais aussi de contribuer à une croissance robuste et durable. A l’instar de celle des autres régions du pays, la population Grand’Anselaise estimée, en 2015, à environ 468 000 habitants, est jeune et en quête d’opportunités. Les politiques publiques n’ont jusqu’à présent pas produit le niveau de bien-être collectif auquel elle aspire et auquel elle a droit. Nous voulons, à travers ces mécanismes incitatifs, articulés avec d’autres programmes publics, lui donner la chance de travailler, d’entreprendre, afin de réduire sa dépendance par rapport aux transferts privés de nos sœurs et frères de la diaspora. Nous voyons aussi en notre participation, une occasion d’apprécier, au niveau de la Grand’Anse, la carence d’information qui prévaut à travers le système financier national et qui affecte l’allocation efficiente de l’épargne aux investissements viables. La BRH entend tout mettre en œuvre en vue de rendre disponible les informations relatives à ses politiques, aux mesures adoptées et aux projets sur lesquels elle travaille. Dans cette optique, une nouvelle Direction de Communication y a été créée afin d’améliorer le circuit d’information avec le Grand Public à l’échelle nationale. En conséquence, je vous donne la garantie que la Grand’Anse ne sera pas laissée pour compte dans ce processus.

Sans vouloir réveiller des souvenirs douloureux qui nous ont fait tous souffrir après le passage de l’ouragan Matthew, je dois quand même dire que ces évènements ont été pour moi l’occasion d’apprécier le courage et le sens de solidarité de la population Grand’Anselaise. Permettez-moi de saluer la résilience de cette population qui, en dépit des catastrophes et des situations dramatiques, a toujours su se relever pour construire et se reconstruire. Comme un Phénix, cette population sait comment renaître de ses cendres. Les peuples qui savent construire ne peuvent pas disparaître. C’est cette pensée qui motive les gens à investir et à faire un pari sur l’avenir. Rien de splendide n’a jamais été réalisé, sauf par ceux qui ont osé croire que quelque chose à l’intérieur d’eux-mêmes était supérieur aux circonstances. – Bruce Barton. Aussi, tirons les leçons qui s’imposent et repartons sur de nouvelles bases en faisant mieux cette fois-ci, de manière structurante et pérenne.

Mes chers amis

Nous sommes dans une région qui, à travers l’histoire, a toujours été? considérée comme l’un des principaux greniers du pays, notamment pour la qualité? de ses fruits (café?, cacao et arbre véritable), pour la diversité? de ses tubercules et pour l’abondance de ses côtes en fruits de mer. A cela, il faut ajouter les nombreux potentiels touristiques et éco-touristiques qui jusqu’à date sont quasi-inexploités.

Je salue l’action de la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Grand’Anse (CCIGA), qui, a? travers son concept de plan régional intégré? 2012-2014, comptait essentiellement sur les facteurs suivants : un éveil des hommes, une mise en commun des ressources, un alignement des capacités et organismes d’exécution dans le département pour atteindre et alimenter les marchés locaux et régionaux. Beaucoup d’idées contenues dans ce plan sont encore d’actualité et peuvent servir comme base de réflexion dans la mise en place d’un plan de relance de l’investissement dans la région.

Si l’on se base sur les capacités naturelles et autres potentialités de la région, il est à mon humble avis possible d’enclencher une dynamique de croissance nécessaire à l’amélioration du niveau de vie. Il suffit de le vouloir et d’y croire.

Les importations de produits alimentaires connaissent une hausse continue. En 1986-1987, elles représentaient 19,2% des importations totales. Ce ratio est passé à 27,7% en 2014-2015. En parallèle, le poids de l’agriculture ne cesse de baisser dans notre produit intérieur brut et, pour les mauvaises raisons. Il est passé d’environ 42% du PIB en 1970 à environ 20% aujourd’hui. Je dis, pour les mauvaises raisons, car ce déclin du poids de l’agriculture n’est nullement attribuable à une augmentation de celui des industries de transformation, mais à une dépendance accrue par rapport à l’extérieur. Il nous faut impérativement trouver la meilleure formule pour augmenter l’offre de produits et de services, sinon il sera de plus en plus difficile de contenir, à terme, les pressions inflationnistes et les fluctuations indésirables du taux de change. Notons que cette dépendance par rapport à l’extérieur nous a rendus de plus en plus vulnérables aux chocs externes, notamment les chocs de prix – par exemple, les troubles sociopolitiques ou « émeutes de la faim », d’avril 2008, causés par la hausse des prix internationaux de céréales en particulier du riz, dont le cours mondial est passé d’environ 500 à plus de 1250 dollars la tonne métrique durant la période concernée.

Les problèmes de change et d’inflation ne peuvent et ne pourront être résolus de manière définitive par la politique monétaire quand ils sont causés par des facteurs structurels tels que le déficit chronique de la balance des paiements et la diminution continue de la production. Donc, nous devons générer de manière permanente des quantités de devises supérieures ou égales à nos consommations en devises. E la pa gen wout pa bwa, fòk nou rekomase pwodui e rekomanse ekspòte.

Point n’est besoin de rappeler le rôle que doit jouer le secteur privé dans la création de la richesse nationale. L’augmentation de la croissance économique, la réduction de la pauvreté et l’amélioration des conditions de vie de la population exigent un secteur privé dynamique constitué d’investisseurs locaux et de la diaspora et d’investisseurs directs étrangers. Pour être efficace il est indispensable que l’investissement public remplisse adéquatement son rôle de catalyseur de l’investissement privé. Le pays se retrouve en situation d’épargne nationale négative avec une composante d’investissement du budget de la République tributaire des appuis internationaux. La création d’un climat favorable aux investissements directs étrangers est donc un passage obligé. Ces derniers qui traduisent en général un intérêt durable de la part du promoteur du projet envers le pays ciblé ont plusieurs vertus. Ils apportent les capitaux, le savoir-faire, de nouvelles demandes, la connexion aux réseaux internationaux. Les grandes chaines d’hôtels internationales font partie de grands réseaux touristiques qui comprennent agences de voyages, lignes aériennes, hôtels, restaurants, compagnies de location d’automobiles, écoles professionnelles, services de loisirs, chaînes d’approvisionnement agricole, etc. et qui viennent avec leur demande. Les Bahamas viennent d’accueillir un investissement direct étranger de 2 milliards de dollars dans le secteur hôtelier, le projet Bahama Mar. La Corée du Sud, fort de sa stratégie axée sur les investissements directs étrangers est passée, du début des années 60 à aujourd’hui, d’une balance commerciale caractérisée par des exportations de produits primaires d’environ 600 millions de dollars à des exportations de produits industriels estimés à plus de 600 milliards de dollars par année. Son PIB per capita est passé de 143 dollars en 1963 à près de 26 mille dollars en 2016 contre moins de 800 dollars pour Haïti et 6.910 dollars pour la République Dominicaine. Nos flux nets d’Investissement Direct Etranger n’ont jamais excédé historiquement 200 millions de dollars par an alors que pour la République Dominicaine et la Corée du Sud, ils ont atteint respectivement 2,5 et 10,8 milliards de dollars en 2016.

Mesdames /Messieurs

En tant qu’entrepreneurs, producteurs, chefs d’entreprises, vous connaissez très bien l’importance du crédit dans le développement de l’activité économique et le lien qui existe entre le crédit, l’investissement, la production et l’emploi. Toutefois, vous conviendrez avec moi que l’augmentation du crédit au secteur privé ne provoque pas automatiquement la croissance économique et la baisse du chômage. Rappelons qu’en 2014-2015 le crédit accordé par le système bancaire a augmenté de près de 20% après avoir crû en moyenne de 30% durant les exercices 2010-2011 à 2012-2013, alors que le taux de croissance économique n’a été que de 1,4% pour une croissance démographique de 1,8 %. Cette croissance du crédit a dans une large mesure favorisé des importations de biens de consommation au détriment de la production locale. Le niveau de pauvreté a donc légèrement augmenté durant cette période.

C’est dans ce contexte particulier que nous accueillons tout effort des autorités visant l’amélioration de la qualité des investissements publics, une meilleure cohérence des politiques publiques et la minimisation des freins structurels à la production, à l’investissement et aux exportations. Le système financier haïtien est très liquide. Il n’attend que cela pour orienter ses ressources oisives vers des projets porteurs capables de changer, de manière pérenne, la destinée de nos frères et sœurs haïtiens.

C’est donc dans cette perspective que la BRH a mis en œuvre des programmes spécifiques en vue de promouvoir certains secteurs productifs clés à forte valeur ajoutée et à fort potentiel, susceptibles d’avoir des retombées directes sur l’emploi et la croissance économique. Ces programmes d’incitation, qui vous seront présentés un peu plus tard, permettent un accès élargi au crédit en monnaie locale et à des conditions abordables. Ils visent notamment :

1. L’augmentation de l’offre de logements et la baisse des loyers ainsi que la réduction des coûts de construction et une amélioration de l’urbanisation ;

2. La stimulation du secteur de l’assemblage et des exportations et emplois y associés ainsi que l’augmentation du nombre d’espaces industriels disponibles dans le pays ;

3. La stimulation des exportations en général, de la production locale et des rentrées nettes de devises de l’économie ;

4. Le développement du secteur touristique, principalement à travers sa composante hôtelière ;

Lesdits secteurs peuvent ainsi obtenir du crédit à des taux d’intérêt plus favorables.

D’autres projets sont à l’étude dans le cadre des mesures d’incitation aux secteurs productifs. Il s’agit, notamment, de la promotion de projets de développement immobilier ; de la promotion de la copropriété et de zones franches agricoles ; et de la mise en place, au bénéfice du secteur agricole, de garanties partielles de crédit. La BRH encourage tous les acteurs impliqués dans le développement de l’agriculture à mettre sur pied de mécanismes d’assurance, notamment pour les récoltes. Ces derniers doivent jouer un rôle clé dans la mitigation des nombreux risques auxquels est exposé le secteur et qui rendent le coût des crédits trop souvent dissuasif aux yeux des débiteurs.

Enfin, la BRH s’est récemment engagée dans une série d’activités de facilitation de dialogue et de réflexion entre les acteurs clés de différentes filières d’activité à forte valeur ajoutée à travers des tables sectorielles de concertation. La dernière en date, organisée par le Ministère de l’Agriculture, a porté sur la filière cacao. Cet exercice est basé sur l’identification des freins caractérisant les différents maillons de la chaine de valeur et qui en entament l’évolution. Il porte aussi sur l’élaboration de recommandations à l’autorité compétente pour la minimisation des freins identifiés. Il vise donc, le renforcement des politiques et des mécanismes qui favoriseront l’augmentation des financements au bénéfice de projets de plus en plus viables et capables d’influencer le développement économique du pays de manière durable.

La BRH est venue vers vous pour partager ces informations utiles. Elle est convaincue qu’elles seront utilisées à bon escient. C’est en posant ces jalons que nous réussirons à créer dans le département de la Grand’Anse, ce cercle vertueux qui devrait induire :

    • l’amélioration de la production et des exportations de biens et de services, notamment les services touristiques ;

    • des créations d’emplois soutenus et durables ;

    • une augmentation de la productivité de la main-d’œuvre et du capital ;

    • un élargissement de l’assiette fiscale ;

    • une augmentation soutenue du PIB per capita ;

    • un élargissement de la classe moyenne ;

    • la projection d’une nouvelle image internationale du département et du pays aux yeux des investisseurs et consommateurs potentiels.

Je vous remercie de votre attention et encore une fois, bonne fête de la Saint-Louis.



04 Novembre 2025


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