Discours de M. Ronald Gabriel, Gouverneur de la BRH, à l’ouverture de l’événement sur la digitalisation des paiements et l’équité de genre.

3 octobre 2025- Karibe Hotel

Monsieur le Ministre de l’Economie et des Finances

Madame la Représentante et Cheffe des opérations de la Banque Mondiale en Haïti

Madame la Représentante de l’ONU-Femmes en Haïti

Monsieur le Représentant de l’Alliance pour l’inclusion Financière (AFI)

Chers collègues, Membres du Conseil d’Administration de la BRH

Mesdames/Messieurs les Présidents Directeurs Généraux et Représentants des Institutions Financières

Mesdames/Messieurs les Recteurs et Représentants d’universités

Monsieur le P.D.G du Group Croissance

Mesdames Messieurs les représentants du secteur privé des Affaires

Distingués invités, Membres de la Presse

Chers participants en ligne sur les réseaux sociaux,

Mesdames et Messieurs,

 

C’est avec un esprit d’optimisme et un réel plaisir que la Banque de la République d’Haïti vous accueille ce matin et vous souhaite une cordiale bienvenue à ces deux journées de réflexions, autour du thème ‘’soutenir des synergies d’action et de partenariat pour stimuler l’innovation, l’équité de genre et l’accès au financement pour des opportunités durables’’, avec une emphase particulière sur la Digitalisation des paiements, l’Entreprenariat et l’Equité de genre’’.

  

Il s’agira d’un événement plutôt fécond, à l’approche d’une nouvelle ère économique post-crise tant souhaitée, qui incarne un dépassement aux tumultes de l’heure et qui se veut être un appel à la mise en commun des efforts pour mieux aborder le processus de développement du pays et assurer la stabilité économique et sociale.

Avant de vous emmener plus loin dans mon intervention, permettez-moi d’abord de remercier et de saluer toutes les institutions qui ont manifesté un intérêt particulier à s’associer avec la BRH en vue d’offrir ce forum structurant qui doit marquer une étape importante dans la mise en place d’une synergie d’actions entre différents partenaires pour une croissance inclusive et une société où l’équité de genre est imprégnée dans toutes les démarches de politiques publiques.

Je veux citer, le Ministère de l’Économie et des Finances, la Banque mondiale, l’ONU-Femmes en Haïti, l’Alliance pour l’inclusion Financière (AFI), sans oublier le Group Croissance. Votre participation à cette activité témoigne non seulement de l’importance que vous accordez à la problématique du sous-développement d’Haïti mais aussi de votre adhésion à cette démarche continue de réduire les inégalités, de promouvoir l’inclusion financière et une croissance durable, en mettant l’emphase aujourd’hui sur :  le développement et le renforcement du système de paiement à travers le numérique, le financement d’entreprises et la promotion de l’équité de genre.

Sur la base de cet esprit de coopération qui nous réunit ce matin, et après de longues heures de discussions, je me réjouis de voir un contenu très riche pour ces deux journées d’activités qui seront marquées par la présentation de 3 projets phares, à savoir :

• Le diagnostic de l’écosystème Fintech en Haïti par la Banque mondiale, un domaine qui s’inscrit dans l’un des axes prioritaires de la Banque centrale, qui a conduit à la mise en place de la circulaire 121 régulant les FSP et à la prise en compte de ce domaine parmi les filières prioritaires du Fonds BRH pour la Recherche et le Développement ;

 

• Le projet de digitalisation des paiements dans le secteur informel, initié sur la base de plusieurs constats dont : la représentation du secteur informel dans le PIB du pays (35% environ selon l’IHSI) et l’utilisation à outrance du cash (notamment par les MPME à 99%) comme moyen de paiement dans l’économie, tel que confirmée par l’enquête Finscope MPME. Cette dernière a révélé, par ailleurs, que 89% des MPME exercent leurs activités dans l’informel. Il est important de noter que la phase pilote et de test de ce projet sera implémenté avec un échantillon de marchands à Pétion-Ville, aux Cayes et au Cap-Haïtien. Le succès attendu du test d’acceptabilité devrait nous conduire au déploiement du projet à l’échelle nationale avec des retombées positives sur le règlement des transactions dans l’économie, et par ricochet sur le volume des activités. Avec le digital, Il s’agira de la dernière évolution dans le développement du système de paiement par la BRH, lequel débuta dans les années 90 avec l’introduction des cartes de crédit, en passant par le SPIH en 2007, avant d’arriver aux portefeuilles mobiles et la banque en ligne après 2010.

 

• Enfin, le projet Booster PME III qui sera lancé et présenté au cours de la journée de demain avec de plus amples détails ;

 

Mesdames Messieurs,

Cet événement qui nous réunit aujourd’hui se réalise dans un contexte global marqué, par la persistance des inégalités sociales et par une montée en puissance de la digitalisation de l’économie mondiale, sous l’impulsion des progrès technologiques et plus récemment de l’Intelligence Artificielle. Ce qui commence à façonner les démarches de solutions à des problèmes publics, privés et à des exigences de productivité dans toutes les sphères d’activités.

Pour la Banque centrale, il s’agit d’une opportunité qui nous permet d’aborder le processus de notre développement économique et social avec célérité mais aussi avec efficacité, comme nous en avons tant besoin, après 7 années de contraction de l’économie dans un environnement de crise sans précédent qui a basculé un nombre important des membres de la population dans l’insécurité alimentaire.

La BRH avait vite compris la nécessité de s’inscrire dans cette dynamique mondiale, en s’associant avec le secteur universitaire, à travers l’IFBC, pour jeter les bases d’un saut technologique en favorisant la formation d’une masse critique de professionnels bien outillés dans plusieurs domaines spécialisés dont : l’audit informatique, la gestion de projet informatique, les réseaux, la cybersécurité, l’analyse de données, les bases de données et l’intelligence artificielle.

Les programmes de formation débutés, il y a un peu plus de 18 mois, vont bon train, et j’en profite pour saluer l’engagement des partenaires de ce programme de renforcement en compétences numériques (TIC-Haïti-BRH) : l’ESIH, l’Unitech, l’ISTEAH, la Faculté des Sciences de l’UEH, sans oublier l’UNAP et la CORPUHA avec laquelle nous avons concrétisé d’autres programmes de formation pour ne citer que ceux-là dans une longue liste de programmes traditionnels avec  des partenaires nationaux et internationaux.

L’objectif poursuivi est la création d’un bassin de capital humain pour construire notre société et notre capacité technologique. Cependant, cet effort ne pourra donner les résultats escomptés sans la mise en place, parallèlement, d’infrastructures technologiques de base, de cadre régulatoire adéquat pour protéger les consommateurs et des mécanismes de financement dans le domaine du numérique. Et c’est là qu’intervient la nécessité de la mutualisation des efforts et des initiatives. A cet effet, la BRH s’est engagée, à côté du FRD-BRH, à mettre en place le Fonds de l’IA qui sera ouvert à des partenariats et dédié à accompagner des activités de production de service et de recherche liée à l’intelligence artificielle, tels que des propositions de solutions technologiques à des problèmes publics et privés, offertes notamment par des start-up, dans divers domaines tel que la santé, l’éducation, l’agriculture, le tourisme, la finance, l’inclusion financière.

En effet, l’importance des technologies nouvelles et de l’IA en particulier dans la lutte contre les inégalités socioéconomiques et les contraintes structurelles, dans les démarches de modernisation de nos institutions et d’accélération de notre développement, n’est plus à démontrer et doit guider chacune de nos actions dans cet écosystème qui regorge à la fois d’obstacles mais aussi d’opportunités.

Ainsi, l’action de la BRH est un tout cohérent, mettant en synergie et en complémentarité la formation, la recherche et l’entreprenariat pour forger ce processus de transformation économique et sociale.

Distingués invités,

J’espère que ces deux journées d’activités soient porteuses d’un message d’espoir pour les jeunes, les femmes, ainsi que pour le secteur des affaires notamment les MPME dont les activités représentent près d’un quart de notre PIB nominal. De ce point de vue, les attentes sont nombreuses mais nous sommes convaincus que les discussions et présentations au cours de ces deux journées permettront :

• d’informer, de motiver les acteurs locaux et les agents économiques dans le processus de digitalisation du système de paiement en Haïti;
• d’offrir un espace de dialogue devant sensibiliser les acteurs sur l’importance de la mise en place de mécanismes d’accompagnement technique et financier plus innovants en faveur des MPME(s) pour une amélioration de l’inclusion financière, notamment celle des femmes;
• d’orienter les politiques publiques sur la base d’analyse rigoureuse de données genrées plus pertinentes;
• D’intégrer davantage nos partenaires internationaux dans cet esprit de mutualisation des efforts pour mieux aborder la problématique du genre et l’accès au financement en faveur des MPME, afin d’accroître la productivité dans le secteur ;

 

Mesdames, Messieurs,

Je voudrais, conclure en formulant mes vœux de réussite à ces deux journées d’activités, tout en renouvelant, la constance des démarches de la BRH visant à  promouvoir la croissance, l’inclusion et la stabilité financières, ainsi que, notre foi dans les vertus du partenariat et notre ferme engagement à supporter des initiatives visant à renforcer l’écosystème entrepreneurial et technologique, l’équité de genre et à valoriser la production nationale pour un retour de l’économie sur la voie d’une croissance soutenue, durable et inclusive.

 

Je vous remercie de votre attention

 

Ronald Gabriel