Discours de Mme Pédrica Saint Jean, Ministre à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes, lors de la deuxième journée de l’événement sur la digitalisation des paiements et l’équité de genre
4 Octobre 2025 – Karibe Hotel
Panel : « Soutenir la collecte de données genrées pour le développement de mécanismes financiers innovants »
Monsieur le Ministre de l’Economie et des Finances,
Monsieur le Gouverneur de la BRH,
Madame la représentante de la Banque Mondiale,
Madame la représentante de l’ONU Femme,
Monsieur le représentant de l’Alliance pour l’Inclusion Financière (AFI),
Mesdames et Messieurs les représentants des institutions partenaires,
Chers partenaires,
Chers participants,
C’est pour moi un honneur, en tant que Ministre à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes, de prendre la parole aujourd’hui à l’occasion de cette rencontre qui place l’égalité de genre et l’inclusion économique des femmes au cœur de nos priorités de développement.
L’événement qui nous réunit témoigne d’une volonté commune: réduire les inégalités structurelles et créer des mécanismes financiers innovants qui tiennent compte des réalités vécues par les femmes et les filles en Haïti. Dans un pays où les femmes sont des piliers incontournables de l’économie, notamment à travers le secteur informel et les micro-entreprises, il est indispensable que leurs voix, leurs besoins et leurs aspirations soient intégrés dans les politiques publiques.
Je souhaite tout d’abord remercier la Banque de la République d’Haïti et l’ensemble des partenaires pour l’organisation de cet événement capital, et pour avoir placé la question des données genrées au cœur des réflexions sur l’innovation financière.
En tant que Ministre à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes, je ne saurais trop insister sur l’importance de disposer de données désagrégées par sexe pour concevoir des politiques publiques efficaces et des mécanismes financiers véritablement inclusifs.
Permettez-moi de partager avec vous quelques chiffres parlants, tirés des études récentes, qui illustrent l’urgence d’agir :
- Seulement 7 % des entreprises détenues par des femmes sont formellement enregistrées.
- Seules 10 % des entrepreneures (femmes) ont accès aux services bancaires, contre 22 % pour les hommes.
- 48 % des femmes dépendent exclusivement de mécanismes financiers informels, et 30 % en sont totalement exclues.
- Le secteur de l’assurance est révélateur. Seulement 3% des femmes sont assurées, contre 6% des hommes.
- Dans la fonction publique, les femmes représentent 28,6 %des effectifs, mais seulement 18,6 % des cadres de premier rang.
Le plafond de verre est une réalité.
Mesdames, Messieurs,
À l’aube de Beijing +30, Haïti se doit de renforcer ses engagements en matière d’égalité des sexes. La collecte et l’utilisation de données genrées ne sont pas seulement un exercice statistique. Elles racontent une histoire : celle d’un potentiel économique immense mais entravé, celui des femmes haïtiennes. Sans données genrées, nous restons aveugles aux véritables barrières systémiques qui freinent leur autonomisation. Avec des données fiables, nous pouvons bâtir des programmes qui transforment réellement la vie des femmes et des communautés.
C’est tout le sens du projet “Profil Genre Haïti 2025”. Cette étude fournit des données actualisées et désagrégées, indispensables pour comprendre les obstacles auxquels les femmes font face.
Le MCFDF, en synergie avec la BRH dans le cadre du Plan National d’Éducation Financière (PNEF), s’engage à :
- Veiller à ce que chaque politique publique et chaque produit financier intègrent systématiquement la dimension genre, sur la base de données fiables et désagrégées.
- Renforcer les capacités des femmes entrepreneures, en milieu rural comme urbain, notamment par l’éducation financière, afin qu’elles puissent accéder à des financements adaptés et tirer pleinement parti des services disponibles.
- Appuyer et valoriser des initiatives structurantes, telles que le projet Booster PME, qui contribuent à l’autonomisation économique des femmes et à la promotion du leadership féminin comme levier de transformation économique de notre pays.
Chers responsables, chers participants, investir dans l’autonomisation économique des femmes n’est pas seulement une question de justice sociale ; c’est un impératif de développement économique durable. En réduisant les asymétries d’information grâce à des données genrées solides, nous pouvons construire ensemble un écosystème financier plus innovant, plus résilient et plus équitable.
Je voudrais saluer la collaboration entre la Banque de la République d’Haïti, le MEF, ONU-Femmes et l’ensemble de nos partenaires. Cette synergie est indispensable pour que la digitalisation, l’inclusion financière et l’égalité de genre s’articulent en une stratégie cohérente et durable.
Chers participants,
Ce forum est une étape importante. Mais c’est surtout un point de départ pour des engagements concrets : un cadre de financement plus équitable, des outils de digitalisation inclusifs, et un plaidoyer fort pour l’autonomisation économique des femmes.
Je vous invite toutes et tous à faire de ces deux journées un moment d’échanges francs, d’innovations partagées et de décisions courageuses pour que l’égalité devienne une réalité palpable dans la vie de chaque femme haïtienne.
Je vous remercie !!!
