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Discours du Gouverneur de la Banque de la République d'Haïti au Sommet de la Comptabilité - OCPAH / IFAC 5 décembre 2017 | BRH


Discours du Gouverneur de la Banque de la République d’Haïti au Sommet de la Comptabilité – OCPAH / IFAC 5 décembre 2017


Monsieur le Ministre de l’Economie et des Finances
(Madame), Messieurs les membres de la délégation de l’IFAC
Mesdames, Messieurs les membres du Conseil d’Administration de l’OCPAH
(Mesdames), Messieurs les Représentants de l’Association Professionnelle des Banques,
(Mesdames), Messieurs les Représentants des autres secteurs de la finance,
(Mesdames), Messieurs les Représentants du Forum Economique,
Mesdames, Messieurs,
Chers invités,

C’est un grand plaisir de participer à cette conférence. Je remercie les distingués membres du Conseil d’Administration de l’OCPAH pour leur invitation, ce, avec d’autant plus d’intérêt et d’enthousiasme que les normes comptables revêtent une importance primordiale dans l’expansion ordonnée et méthodique de l’intermédiation financière en Haïti, au bénéfice d’une croissance économique inclusive et stable.

Aux remerciements je voudrais ajouter les félicitations pour cette initiative d’ ailleurs très opportune parce que ce sommet sur la comptabilité coïncide avec l’adoption par la Banque de la République d’Haïti et ses partenaires d’un ensemble de mesures visant la modernisation de la pratique comptable et d’audit en Haïti.

L’objectif des états financiers, selon l’International Accounting Standards Board (IASB), « est de fournir une information sur la situation financière, la performance et les variations de la situation financière d’une entité, qui soit utile à un large éventail d’utilisateurs pour prendre des décisions économiques ». En effet, les normes comptables sont des règles qui font autorité en matière d’information financière. Elles précisent de quelle façon les opérations et autres événements doivent être constatés, mesurés, présentés et communiqués dans les états financiers. Elles visent à fournir aux investisseurs, prêteurs, créanciers et autres de l’information financière utile pour évaluer la capacité de l’entreprise à générer de la valeur.

La normalisation comptable permet donc d’édicter des méthodes, des conventions, des règles et des principes communs qui sont censés s’imposer à toutes les entités économiques. Elle offre une certaine rationalité apportant des gages de sérieux et de rigueur aux évaluations mais elle fournit les bases à partir desquelles les usagers pourront fonder leur jugement sur la qualité de l’information comptable. Autant dire que la normalisation est le pilier de tout système comptable, en ce sens qu’elle codifie le processus de production comptable, les mécanismes de contrôle et de vérification.

Les International Financial Reporting Standards –ou IFRS en bref- favorisent, ou tout au moins accompagnent, une économie financiarisée sans frontières. Orienté particulièrement vers les besoins d’information des actionnaires et des investisseurs boursiers, ce reporting financier constitue un instrument de contrôle et d’évaluation des décisions des dirigeants.

Mesdames, Messieurs

L’importance de la comptabilité a maintes fois été illustrée ces dernières années, souvent par des scandales à grand retentissement comme les affaires Enron, WorldCom, AIG ou Parmalat. C’est dans ce contexte que M. Hank Paulson, ancien Secrétaire au Trésor américain (entre juillet 2006 et janvier 2009), a qualifié la comptabilité de «fluide vital des marchés financiers ». Dans un monde où la complexité des opérations financières devient de plus en plus impressionnante, la comptabilité fournit les bases de la confiance sur laquelle reposent les marchés de capitaux. Quand on ne peut plus se fier aux données financières, c’est tout l’édifice des marchés qui est menacé. L’élaboration des normes comptables s’apparente donc à une forme de politique économique car à mesure que l’économie se complexifie, le choix de ce qui est mesuré devient de plus en plus difficile et déterminant.

La comptabilité, autrefois considérée comme un simple moyen de preuve, est devenue un outil indispensable au service de l’information dont l’objectif ultime est d’aider et de faciliter la prise de décisions. La qualité de l’information financière se retrouve en première place parmi les facteurs de choix des investisseurs. Cette information étant pour une grande part comptable à l’origine et, c’est tout naturellement que l’on cherche à développer des normes internationales qui permettront en plus d’obtenir des informations mais également des objets des transactions.

En ce sens, les normes comptables internationales revêtent une importance capitale pour le secteur financier, dépassant le cadre purement comptable pour toucher aux exigences de gouvernance d’entreprise et, en particulier, au besoin de rendre compte des actions effectuées, des décisions prises et de leur impact sur la création de valeur économique.

Mesdames, Messieurs,

Moderniser et stabiliser l’économie nationale et en particulier le secteur financier sont des objectifs primordiaux pour la Banque de la République d’Haïti. Un certain nombre de mesures prises jusqu’à date permettent à la BRH de s’assurer que la règlementation en vigueur au niveau du secteur bancaire est en harmonie avec certaines bonnes pratiques internationales en matière de comptabilité. Il reste que la pratique comptable en Haïti nécessite un renforcement significatif en vue de promouvoir un climat des affaires favorable à l’investissement privé et l’accès des entreprises au crédit et au financement à long terme. L’action de la BRH s’inscrit donc dans cette volonté de faciliter une meilleure transparence de l’information financière qui passe inévitablement par l’adoption et l’application de normes comptables qui correspondent un peu plus aux réalités économiques actuelles.

Etant donné la mondialisation, l’adoption de normes comptables reconnues internationalement favorisera l’accès des entreprises haïtiennes aux marchés des capitaux mondiaux, sans les débours importants que nécessiterait le retraitement de leurs états financiers. Depuis une vingtaine d’années, la mondialisation des échanges et des marchés financiers a modifié les méthodes de gestion des actifs financiers, éliminé les barrières entre les marchés et augmenté les choix des investisseurs. Nos entreprises ont là une opportunité de se développer grâce aux capitaux venant d’un plus grand éventail d’investisseurs, avec des effets positifs sur le développement économique du pays. Les entreprises, particulièrement les entreprises financières, désireuses d’attirer des capitaux ont intérêt à présenter et communiquer leurs informations financières dans un référentiel facile à lire et à interpréter.

En définitive, les entreprises du secteur financier qui veulent accéder au marché mondial des fonds pour leur croissance et leur expansion devraient appliquer au plus vite les normes internationales. La mondialisation financière nous pousse à changer de paradigme et nous voulons annoncer aujourd’hui un changement de cap en ce qui a trait à l’adoption des normes comptables internationales ou l’adaptation de celles-ci à notre réalité économique car tous les acteurs concernés doivent conjuguer leurs efforts en vue de doter le pays d’un référentiel comptable approprié proche des IFRS ou de les adopter purement et simplement.

Nous savons, en effet, que l’adoption des normes IFRS sur le plan national, particulièrement au niveau du système bancaire rentre dans le cadre d’un vaste chantier qui doit naturellement se faire par étapes et suivre une séquence d’actions appropriées incluant des actions prioritaires et des objectifs à moyen et long terme. Néanmoins, sur la base de diagnostics déjà établis et des recommandations formulées, nous pensons qu’il y a lieu de procéder rapidement à un état des lieux afin d’identifier les actions prioritaires à entreprendre à court, moyen et long terme. C’est dans cette perspective que la Banque centrale, de concert avec les entités concernées (le MEF et l’OCPAH), va travailler à la mise en place d’un plan d’action national qui fixera les principaux objectifs à atteindre de manière à doter le pays d’un cadre comptable pouvant contribuer à l’amélioration de la transparence financière des entreprises.

La BRH planche déjà sur une stratégie visant l’amélioration des pratiques comptables et d’audit en Haïti. Les principaux objectifs poursuivis sont le renforcement des capacités organisationnelles de l’OCPAH et l’ouverture du marché de l’audit (financier et technologique). Le but recherché ici c’est d’avoir dans ce secteur une offre de service de qualité qui contribuera à stabiliser le système financier et faciliter l’accès au crédit aux petites et moyennes entreprises.

En somme, Mesdames, Messieurs, dans son souci de développer, de moderniser et de renforcer le marché financier national, la BRH commence déjà à poser les jalons en vue de la création d’un marché de capitaux en Haïti. Tout comme l’adoption d’un référentiel comptable, il existe des contraintes structurelles et institutionnelles qu’il va falloir lever pour favoriser l’accès des entreprises haïtiennes aux capitaux internationaux. Il est donc essentiel que les entreprises commerciales, financières ou autres qui voudront faire appel à l’épargne privée nationale et/ou internationale communiquent aux investisseurs et autres parties prenantes des informations chiffrées, aussi objectives que possible, permettant à ces derniers d’apprécier la quantité et la qualité de valeur créée. Dans cette optique, les normes comptables internationales sont d’une importance capitale pour le secteur financier en ce sens qu’elle peut faciliter la mobilisation de capitaux pour les entreprises et contribuer à création de valeur économique.

De ce fait, il s’avère plus que nécessaire que des mesures diligentes soient prises pour l’amélioration de la pratique comptable dans le pays. Comme j’ai mentionné plus haut, il faut convenir que les chantiers sont grands mais à la faveur d’une conjugaison des forces et des moyens de tous les acteurs concernés, nous pourrons parvenir à initier tous les changements susceptibles de nous conduire vers une convergence avec les normes internationales.

La Banque de la République d’Haïti fait déjà et fera tout ce qui est en son pouvoir pour renforcer la profession comptable en Haïti et améliorer le climat global des investissements. Elle continuera à accompagner le secteur financier en créant un cadre propice à l’épanouissement des entreprises de ce secteur.

Je reste persuadé que les prises de position exprimées au cours de ce sommet feront œuvre qui vaille et que les résultats des travaux qui suivront seront palpables dans peu de temps.

Je vous remercie.

Jean Baden Dubois

Gouverneur de la Banque de la République d’Haïti



25 Avril 2025


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