Intervention du Gouverneur Ronald Gabriel- 80e anniversaire de l’Institut français en Haïti

04 Décembre 2025 – Lycée Alexandre Dumas

Monsieur le Conseiller de coopération et d’action culturelle et le Directeur de l’Institut français d’Haïti, Laurent Clavel

Madame la Présidente de la FOKAL, Michèle Duvivier Pierre-Louis

Monsieur le Recteur de l’Université Quisqueya, Jacky Lumarque,

Madame/Monsieur Le représentant de l’Université d’État d’Haïti

Monsieur le Directeur d’Expertise France en Haïti, David Bruchon,

Madame la Modératrice, Docteure Guerlande Bien-Aimé

Mesdames et Messieurs les représentants des institutions partenaires,

Chers participants

Je voudrais, tout d’abord, remercier Campus France Haïti et l’Institut français d’Haïti pour leur invitation à la Banque de la République d’Haïti à prendre part à cette réflexion structurante et de grande portée, organisée à l’occasion du 80^e anniversaire de l’Institut. J’en profite pour offrir mes vœux de circonstance.

C’est un privilège pour moi et pour la BRH d’être associés à cette conversation consacrée à la coopération universitaire et à la mobilité académique. La composition du panel me semble tout à fait équilibrée sur le plan de la représentation institutionnelle et j’anticipe qu’elle permettra de confronter les expériences et d’identifier les leviers d’action afin de faciliter le renforcement de la collaboration entre les acteurs.

La question qui nous rassemble aujourd’hui: « Où en est Haïti, et où allons-nous ? » est une question essentielle et fondamentale. Fondamentale en ce qu’elle renvoie directement aux enjeux de développement et de transformation structurelle du pays. Elle met en lumière la dynamique du capital humain comme facteur central du progrès économique, comme dans le modèle de croissance endogène de Solow et de Romer. Elle met aussi l’emphase sur les mécanismes de transmission intergénérationnelle des connaissances et des acquis scientifiques. A ce titre, l’université et l’enseignement supérieur jouent un rôle déterminant en façonnant les compétences, en stimulant la recherche et en soutenant l’innovation, autant de leviers indispensables à une croissance économique durable.

Par ailleurs, Il est important de renforcer les capacités locales des structures de l’enseignement supérieur à la fois sur le plan technique, de la gouvernance que sur le plan logistique. Néanmoins, la mobilité académique internationale et les partenariats universitaires ouvrent des perspectives majeures, aussi bien sur le plan individuel que collectif. Ils constituent des instruments stratégiques dans le but d’accompagner l’ouverture et la modernisation de notre enseignement supérieur, ainsi que pour  renforcer nos capacités scientifiques et technologiques.

A ce titre, la BRH s’est engagée depuis plusieurs années à apporter une contribution au renforcement de l’écosystème universitaire en soutenant la formation académique et le développement de la Recherche à travers des différents partenariats avec des acteurs locaux et internationaux.

La Banque de la République d’Haïti s’inscrit pleinement dans cette dynamique à travers un ensemble de programmes et de partenariats mis en œuvre depuis plusieurs années. Par ses initiatives, elle contribue au renforcement de l’écosystème universitaire, au développement de la recherche scientifique et, plus largement, au développement durable du pays. À ce titre, je peux citer notamment les bourses de mobilité suivantes :

• Le programme de Master II mis en place avec l’Ambassade de France, Campus France et la Fondation Sogebank qui constitue l’un des dispositifs phares de mobilité soutenue par la BRH. Depuis son lancement, la Banque accompagne ce programme de manière continue, tant dans la sélection des bénéficiaires que dans le suivi institutionnel des lauréates et lauréats. Cet appui vise à garantir que les compétences acquises à l’étranger puissent répondre aux besoins de renforcement des capacités nationales. La BRH a également soutenu les ajustements apportés au dispositif au fil des ans, afin d’assurer une meilleure adéquation entre les profils admis, les priorités nationales de formation et l’insertion professionnelle au retour en Haïti. Ce programme représente ainsi un exemple de partenariat durable qui contribue à structurer un bassin de cadres hautement qualifiés au bénéfice du pays. Cette année, la BRH a financé 6 bourses de Master dans différentes disciplines ;
• Le programme de mobilité doctorale Anténor Firmin, en partenariat avec l’Ambassade de France, l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) et l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD). À travers ce dernier, la BRH souhaite non seulement faciliter la mobilité académique de doctorantes et doctorants, mais aussi encourager la mise en place de codirections internationales et de conventions de cotutelle entre universités haïtiennes et institutions partenaires à l’étranger. Ces dispositifs visent à renforcer la qualité de la formation doctorale, à structurer les réseaux de recherche et à favoriser le retour et l’intégration des compétences dans les institutions nationales.

Au-delà de ces collaborations de longue date qui ont déjà permis de former plusieurs cohortes d’étudiants en master et en doctorat dans les universités francophones, la BRH a élargi ses interventions afin de soutenir plus directement le capital humain et le développement des compétences spécialisées. Parmi ces initiatives figurent notamment :

• Le PERMAC, programme élargi de renforcement du marché de l’audit et de la comptabilité, en partenariat avec l’INAGHEI et l’OCPA ;
• Le programme de Maîtrise en finance publique et audit interne lancé en octobre 2024 par la CORPUHA et l’UNAP, qui accueille 60 étudiants ;
• La contribution de la BRH au financement de diplômes d’Habilitation à diriger des recherches (HDR) ;
• Le financement de la Chaire de commercialisation des produits agricoles avec l’ISTEAH ;
• La mise en place du Fonds BRH pour la Recherche et le Développement (FRD-BRH), destiné à promouvoir la recherche appliquée en économie, finance, politiques publiques et disciplines connexes.

S’inscrivant dans cette même logique de responsabilité sociale, la BRH a également contribué au développement de partenariats structurants avec le milieu universitaire et d’autres institutions engagées dans le renforcement des capacités technologiques nationales. L’initiative la plus récente est le rapprochement entre l’ESIH, l’Unitech, l’ISTEAH et la Faculté des Sciences de l’Université d’État d’Haïti pour la formation de ressources humaines spécialisées dans le numérique, avec un accent particulier sur les applications de l’intelligence artificielle.

Ces actions témoignent de l’engagement constant de la Banque centrale qui, au-delà de ses missions fondamentales d’assurer la stabilité monétaire et financière, contribue activement à l’émergence d’un environnement propice à l’innovation, à la recherche et au développement des compétences nationales.  Dans cette perspective, la Banque centrale souhaite se positionner comme un catalyseur de changement. Elle ne se limite pas à la gestion des équilibres macroéconomiques, elle œuvre également à la construction d’un véritable « écosystème de connaissances » indispensable pour relever les défis auxquels le pays fait face.

Cet engagement s’est traduit, au fil des années, par un accompagnement structuré des programmes de bourses, des initiatives de recherche appliquée et des partenariats interinstitutionnels. C’est dans cet esprit que je souhaite encourager, au sein de cette table ronde, la consolidation d’un modèle fondé sur :

• Des bourses ciblées, orientées vers les secteurs prioritaires pour le développement du pays;
• Des partenariats renforcés entre universités haïtiennes et institutions internationales permettant un transfert de connaissances durable ;
• Des mécanismes financiers adaptés pour soutenir les chercheurs, les doctorants et les projets à fort impact scientifique ou socio-économique ; et enfin
• Une stratégie structurée de retour et de valorisation des talents formés à l’étranger, afin que les compétences acquises puissent être réinvesties dans les universités, les institutions publiques et le secteur productif.

Dans le cadre de ses missions, la BRH demeure pleinement engagée en faveur des initiatives qui favorisent la formation de haut niveau et l’employabilité des jeunes. L’accès à des formations dans le cadre des coopérations internationales, lorsqu’il s’accompagne d’une politique cohérente de valorisation et de retour des compétences, peut jouer un rôle fondamental dans la reconstruction, la modernisation et la dynamisation de l’économie nationale.

À ce titre, nous saluons les efforts entrepris par Campus France et l’ensemble des partenaires impliqués dans la coopération universitaire et mobilité internationale. La BRH se tient prête à explorer avec eux des mécanismes innovants et des programmes de bourses ciblées, afin de promouvoir une mobilité internationale alignée sur les priorités stratégiques d’Haïti et susceptible de renforcer durablement les capacités nationales.

J’espère que nos échanges permettront de dégager des pistes d’action concrètes et réalistes. Ensemble, œuvrons à l’élaboration d’une feuille de route pour une coopération universitaire haïtienne plus inclusive et solidement articulée aux priorités nationales de développement.

Je vous remercie.